Provence : expérimentation à grande échelle pour rendre les villes perméables
La gestion "tout tuyau" des eaux pluviales a fait son temps. Une étude menée sur trois communes de la Métropole Aix Marseille Provence a mis en évidence des solutions efficaces de désimperméabilisation des sols, duplicables à l’échelle de toute l’agglomération.
"Désimperméabiliser la ville, c’est se rapprocher du cycle naturel de l’eau, en favorisant la recharge des nappes phréatiques et l’alimentation des cours d’eau", explique Thierry Maytraud, urbaniste-hydrologue et directeur de l’agence ATM, spécialisée en gestion des eaux pluviales et en hydro-écologie urbaine. Une gestion alternative d’autant plus nécessaire en région Provence-Alpes-Côte d’Azur où 24 millions de mètres cubes d’eau manquent chaque été, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 520 000 habitants.
Trois sites pour expérimenter la perméabilité
Partant de ce constant, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Provence-Alpes-Côte d’Azur (Dreal Paca), l’agence de l’eau et la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) ont mutualisé leurs compétences au sein d’une démarche baptisée « L’atelier des territoires : faire de l’eau une ressource pour l’aménagement ». Son objectif : promouvoir la désimperméabilisation des sols auprès de la Métropole Aix Marseille Provence, en partant de l’étude de la zone d’activités d’Aubagne-Gemenos, de l’écoquartier de Coudoux et de la partie sud du centre-ville historique d’Aix-en-Provence, trois sites différents et représentatifs de la diversité du territoire.
Chacun des trois sites a fait l’objet d’une analyse approfondie, suivie de propositions de projets d’aménagement intégrant une gestion alternative. La synthèse a permis d’établir une feuille de route présentant une série de mesures autour de deux actions prioritaires : une gestion de l’eau pluviale à ciel ouvert et une déconnexion des eaux pluviales en distinguant les différents niveaux de pluies. Pour ce faire, il est proposé aux acteurs de l’assainissement, de la Gemapi et de la planification urbaine de déployer cinq outils, comme la mise en place d’une Fabrique de l’eau et de la ville - lieu neutre de gestion des eaux pluviales -, la création d’un guide-charte de conception des espaces publics ou encore la définition d’Orientations d'aménagement et de programmation (OAP) sur le cycle de l’eau.
"Ce travail de terrain montre qu’il est possible de rendre un territoire perméable selon son environnement tout en améliorant le cadre de vie des habitants", indique Zohra Djellali, cheffe du service Gemapi au sein de la DGA Développement urbain et stratégie territoriale de la Métropole. La collectivité réfléchit aujourd’hui à une stratégie d’aménagements intégrant les différents outils proposés. A Aubagne, une première opération est aujourd’hui en phase d’étude.
Le chiffre : 13
Le nombre de mesures phares inscrites dans la feuille de route, dont développer des espaces de stockage des eaux pluviales multi-usages, multiplier les îlots de fraîcheur, interdire les rejets directs dans les cours d’eau et assumer le passage des pluies torrentielles dans les "rues rivières".
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