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> jeudi 13 novembre 2014

Barrage des Plats (42) : le Collectif Loire Amont Vivante publie un communiqué d'alerte

La politique d’aménagement local des rivières repart-elle à la dérive en France ?

Dans la nuit du dimanche 26 octobre, un étudiant pacifique, Rémi Fraisse, venu protester contre la construction d’un barrage sur le Tescou  est mort suite au jet d’une grenade offensive par les gendarmes mobiles présents sur le chantier. Le projet de barrage de Sivens, contesté depuis l’origine par le Collectif Testet, regroupant divers acteurs de la société civile, avait pour but de développer plus encore l’irrigation, en par- ticulier du maïs. Prévu sur la plus belle zone humide du département du Tarn, il a été lancé malgré de nom- breux avis scientifiques négatifs, sans justification économique des besoins en eau. C’est aussi un ouvrage imposé au mépris de la position des organisations de conservation de la nature, plus que préoccupées par son impact sur des habitats naturels hébergeant 94 espèces protégées.

 

Sivens, Les Plats : un déni identique  d’une gestion de l’eau qui doit changer

Ce contexte de déni de la réalité, qui a conduit à une tragédie est familier à un autre collectif, le Collectif Loire Amont Vivante (CLAV). Créé en 1999 pour permettre d’améliorer la qualité du débat public sur la gestion durable des rivières de la Loire, il regroupe une dizaine d’organisations locales, régionales, nationales. Le CLAV a souligné dès 2006 et le percement pour raisons de sécurité du barrage des Plats, sur la Semène, la plus belle rivière du département, l’intérêt de ne pas reconstruire un ouvrage sans utilité avérée. Il a proposé en vain, pendant 9 ans, de coopérer avec les élus et pouvoirs publics locaux pour trouver un autre avenir à une rivière abritant elle aussi de nombreuses espèces protégées.

Lors de l’enquête publique de 2012, le CLAV a proposé une alternative, beaucoup moins chère, pour garantir l’approvisionnement en eau potable des quelques communes de la Loire et de la Haute-Loire desservies par l’ouvrage. Mais l’Etat  local, à l’opposé de tout ce qui est recommandé au plan national, a préféré le passage en force à deux reprises pour imposer une reconstruction dont toutes les instances techniques, hormis la Di- rection Départementale des Territoires (DDT), ont dit qu’elle ne servait à rien. Un grand barrage poids en béton a donc été construit par les entreprises Stucky et Bouygues en 2013 et 2014. Il est aujourd’hui terminé, mais non encore mis en eau.

 

Arrêter enfin un autre « Grand Projet Inutile et Imposé », regarder vers l’avenir

Au plan national, européen, divers textes, dont la Directive Cadre sur l’Eau, nous obligent à restaurer et protéger les milieux aquatiques. Un siècle d’aménagements lourds a en effet passablement dégradé les milieux aquatiques, avec des conséquences négatives pour la biodiversité, la qualité de la ressource, notre santé. Les grands barrages ne peuvent plus être la solution systématique à tous nos besoins. Pour s’opposer à la reconstruction d’un « Grand Projet Inutile et Imposé », le Collectif Loire Amont Vivante n’a pas choisi un mode d’opposition frontal avec l’Etat et les élus locaux. Il a préféré le travail scientifique, la sensibilisation de l’opinion, le travail juridique. Cela n’a rien donné. La défaillance de l’Etat local, le refus du dialogue des élus, l’indifférence à toute analyse économique complexe et l’ignorance de l’importance de la biodiversité ont conduit à couler des milliers de tonnes de béton inutile en plein cœur du Parc Naturel Régional du Pilat.

Cet échec collectif est grave. Il n’est pas irréversible, car le barrage est encore vide, le dommage sur la Semène est encore très localisé. Le CLAV demande à nouveau que le barrage des Plats, Grand Projet Inutile et Imposé, ne soit pas rempli et que soient mises en place les alternatives.

Il renouvelle sa proposition au ministère de l’Ecologie de lancer rapidement une table ronde pour sortir par le haut d’une situation indigne de la gestion de l’eau et des milieux aquatiques en ce début de XXIe siècle.

 

Crédit photo : Collectif Loire Amont Vivante

 

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