
L’Argens passe un nouveau seuil
La destruction partielle de l’aménagement du seuil du Béal, situé entre Puget-sur-Argens et Roquebrune, marque une étape importante dans la restauration écologique de l’Argens. Considéré comme un obstacle majeur à la migration des aloses et lamproies ainsi qu’à l’écoulement naturel de l’eau, cet ouvrage intégrera bientôt une passe à poissons avec bassins et une rampe à anguilles.
Situé sur le fleuve Argens entre Puget-sur-Argens et Roquebrune, le seuil du Béal est aujourd’hui considéré comme un non-sens écologique. Construit historiquement pour détourner une partie de l’eau vers un canal d’irrigation alimentant la ville de Fréjus et différents sites industriels, l’ouvrage en pierre et béton constitue un obstacle infranchissable pour de nombreuses espèces piscicoles, notamment l’anguille européenne, l’alose de Méditerranée et la lamproie marine. En retenant les sédiments et les galets, cet ouvrage de 150 mètres de large et 5 mètres de haut modifie aussi l’écoulement naturel de l’eau et l’équilibre morphodynamique du lit de l’Argens. Propriétaire du seuil, le département du Var a décidé de corriger ces anomalies en restaurant la continuité écologique sur un secteur situé à 11 kilomètres de l'embouchure de la mer. Il a délégué au Syndicat mixte de l’Argens la maîtrise d’ouvrage en raison de ses connaissances du fonctionnement de la basse vallée, ainsi que des études et modélisations qu’il a réalisées.
16 bassins en étage
« Nous avons eu beaucoup de discussions pour savoir s’il fallait araser ou non cet obstacle bloquant les espèces migratrices, explique Anne Thevenot, responsable du service pilotage administratif, financier et prospectives au sein de la direction Ingénierie territoriale du Département du Var. La solution retenue après études et concertation consiste à maintenir la hauteur actuelle du seuil, démolir la passe à poissons non fonctionnelle intégrée depuis 1989 au seuil et construire une passe à bassins successifs avec des jets de surface ». Long de 86 mètres, cet ouvrage comprend 16 bassins étagés et dimensionnés pour permettre en particulier aux aloses de Méditerranée et aux lamproies de franchir le dénivelé du barrage grâce à une série de petites chutes d’eau et de mini-piscines de repos facilitant leur migration. Une rampe à anguilles en forme de S verra aussi le jour dans le but d’aider les civelles à remonter l’Argens. Elle comprend des substrats rugueux facilitant le déplacement des anguilles et des juvéniles, qui peinent à franchir des vitesses d’écoulement élevées. Des fils rigides protégeront les différents bassins des prédateurs.
Commencé en octobre 2024 puis interrompu par une submersion du secteur causée par de fortes intempéries, le chantier a redémarré début juin avec la reprise des terrassements et la construction des deux passes. La livraison du projet est prévue en octobre prochain.
1,63 M€ HT
Le montant de l’ouvrage, dont 50 % financés par l’agence de l’eau.
Les champs précédés de
sont obligatoires.