Quelle eau, en 2050, dans le Doubs ?
En s’appuyant sur les données et hypothèses du Giec, l’Epage Haut-Doubs Haute-Loue veut évaluer la disponibilité et l’utilisation de l’eau à l’horizon 2050. Une étude prospective sur le changement climatique et ses effets permettra de réviser les stratégies et d’anticiper les vulnérabilités.
L’Epage Haut-Doubs Haute-Loue se projette en 2050 avec la réalisation d’une étude prospective sur le changement climatique et ses effets sur les ressources en eau, financée à 70 % par l’agence de l’eau. Un préalable à l’élaboration d’un nouveau Projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), dont le programme d’action sera défini d’ici la fin de l’année, et à la révision du Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage). Basées sur les différentes projections existantes sur le changement climatique, les données récoltées permettront d’anticiper l’évolution attendue sur le territoire et de proposer une stratégie d’adaptation permettant de réduire les vulnérabilités.
"Nous regardons à la fois l’évolution du climat au cours des trente dernières années au niveau local et l’utilisation de la ressource, les besoins actuels et futurs, explique Cyril Thévenet, directeur de l’Epage. Température, pluviométrie, évapotranspiration des sols, développement démographique… tout est pris en compte. On retranscrit ensuite sur notre bassin les hypothèses du Giec dans le but de mesurer les conséquences avec une question : comment ces scénarios vont-ils se traduire sur le débit des rivières et nos ressources souterraines ? In fine, les acteurs économiques locaux, élus comme représentants d’association, disposeront du même niveau d’informations factuelles. Nous pourrons ainsi tous aller dans le même sens".
Une série de trois ateliers a été programmée depuis mars 2023 sur la gestion de l’eau potable par les collectivités, l’agriculture, y compris l’industrie agro-alimentaire, ainsi que sur le tourisme et les loisirs.
Des disparités géographiques : la loue plus résiliente
D’ores et déjà, l’étude commence à se dévoiler et montre une disparité entre territoires. La Loue serait plus résiliente, alors que le Doubs serait davantage impacté par le changement climatique. La rivière enregistrerait une baisse de l’ordre de 10 à 45 % des débits d’étiage, alors que la population augmenterait de 30 %, séduite par l’attractivité de la Suisse voisine. "Les effets impacteront le tourisme. En particulier, les croisières vers le saut du Doubs seront inévitablement compromises avec une année sur trois un étiage très sévère, comparable à celui de 2018, révèle le directeur. L’activité agricole les subira elle aussi avec une baisse estimée de 10 à 15 % des effectifs bovins en raison d’une raréfaction du fourrage". En 2050, le bassin versant serait en déficit d’eau potable de 1,5 million à 2 millions de m3 par an lors de sécheresses intenses. La définition du plan d’action du prochain PTGE devrait apporter des solutions d’adaptation en écho à ces prévisions.
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