Connexion rétablie entre la mer et l’étang d’Urbinu

Comme un trait d’union entre le nord et le sud de la Corse, la mer Méditerranée se mêle, sur le littoral de la plaine orientale, aux eaux de l’étang d’Urbinu par un grau artificiel creusé dans les années 1960 par les anciens propriétaires des lieux. Comme toutes les lagunes méditerranéennes, ce petit paradis lacustre abrite de nombreuses espèces animales et végétales remarquables. Parmi elles, 205 espèces différentes d'oiseaux, aussi bien nicheurs qu'hivernants et migrateurs, comme le gravelot, le grand cormoran et la lusciniole à moustaches. Dans les eaux, l’herbier de cymodocées cohabite avec la grande nacre et l’Aphanius de Corse, petit poisson protégé qui se situe au début de la chaîne alimentaire et permet à d’autres de prospérer, notamment la dorade royale, le loup et le tassergal.

Un grau en perte de connexion hydraulique

La gestion d’un tel site se révèle complexe par sa richesse patrimoniale et sa fragilité écologique. Pourtant, le Conservatoire du littoral, désormais propriétaire des lieux, a lancé en octobre dernier les travaux de réaménagement du grau. "Son embouchure est vétuste et ne répond plus aux normes actuelles d’autant que le bassin versant est très réduit et que l’embouchure est la clé de voûte de l’écosystème de la lagune, indique Matthieu Zanca-Rossi, en charge du projet. Depuis sa construction, le chenal a progressivement perdu sa fonction en raison de l’accumulation de sédiments vers l’intérieur de l’étang entraînant la formation d’un delta de marée d’environ 70 000 m³ au total, qui perturbe les échanges avec la mer. Ce phénomène participe à l’eutrophisation du milieu et impacte aussi bien l’état écologique que chimique de l’étang".

5 M€ pour sécuriser l'embouchure de l'étang d'Urbinu

Après avoir modélisé des échanges hydrosédimentaires, le Conservatoire a retenu une solution technique capable d’instaurer une communication durable de l’étang avec la mer, sans artificialiser davantage la zone. Démarrés en octobre dernier, les travaux ciblent la reconstruction du chenal existant, en particulier la consolidation des gabions en palplanches et la réduction de sa longueur ramenée à 240 mètres, la création d’une passerelle de franchissement du chenal pour en faciliter l’entretien et l’évacuation des sédiments par terrassement des plages situés au nord.

"Le chantier sera mis en pause lors des périodes de nidification des oiseaux afin de ne pas influer sur leur comportement, précise Matthieu Zanca-Rossi. De nombreuses précautions seront également prises pour préserver la zone de toute pollution liée aux travaux". Le grau d’Urbinu devrait retrouver des interactions normales au plus tôt à la fin de l’année.

2,2 M€

Le montant de l’aide alloué par l’agence de l’eau. Auquel s’ajoutent 1,7 M€ perçus par le Conservatoire du littoral dans le cadre du Plan de relance, 0,7M€ de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France.