Forêt de Lapazeuil : préserver les zones humides en repensant l’exploitation de la forêt
Le massif du Madres, château d’eau de l’Aude, est un réservoir de zones humides qui demandent à être conservées dans la diversité de leur habitat. Depuis 2016, le Syndicat forestier de Counozouls, propriétaire de plus de 2 000 hectares, se fait accompagner par le CEN Occitanie pour l’écriture et la mise en œuvre d’un plan de gestion conciliant exploitation forestière et fonctionnement des zones humides.
La forêt de Lapazeuil dans la haute vallée de l’Aude constitue un important réservoir de biodiversité. Elle abrite de multiples zones humides, couvrant près de 60 hectares, aux caractéristiques variées mais toutes sensibles au changement climatique. En 2021, le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) d’Occitanie a proposé un plan de gestion afin de permettre au syndicat forestier de Counozouls de mieux prendre en compte les enjeux liés aux zones humides.
Les principaux usages du site sont l’exploitation forestière et pastorale. Or, si les zones humides sont pour la majorité dans un état de conservation satisfaisant, il persiste des menaces localement : les pistes des engins forestiers pour tirer les bois, le piétinement parfois intense lié au pâturage sur la partie estive, a contrario la fermeture du milieu en milieu forestier, ainsi qu’un assèchement global.
Le plan de gestion s’accompagne également de deux notices de gestion sur des zones humides jugées prioritaires. Sur la partie basse, le retour du pâturage a été envisagé sur trois zones humides intra forestières dans l’objectif de limiter le développement d’une graminée très recouvrante, la molinie, de freiner celui des ligneux et consécutivement de restaurer l’humidité des sols. En partie subalpine et alpine, une réflexion sera menée avec les éleveurs.
En amont, afin de répondre à l’enjeu de morcellement des zones humides par les tires de débardage, des pistes ont été déplacées et des ponts-cadre mis en place. L’été dernier, un bûcheronnage de bouleaux et de saules a permis de reconnecter deux zones humides entre elles pour favoriser la circulation de certains papillons : le Damier de la Succise et le Nacré de la Bistorte, espèces d’intérêt européen déterminantes et remarquables pour l’inventaire régional.
Dans ce secteur en tête de bassin versant avec des enjeux pour la ressource (stockage, ralentissement du ruissellement, soutien de l’étiage des cours d’eau…), toutes ces actions ont nécessité une collaboration étroite entre le CEN, le propriétaire et l’expert forestier du Syndicat. L’agence de l’eau et le Département accompagnent ce plan de gestion à hauteur de 46 200 € chacun.
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