Le Pays de Fayence au défi de la sobriété en eau
Face à la sécheresse persistante, la communauté de communes du Pays de Fayence (Var) a pris des mesures drastiques en vue d’économiser l’eau. Elle compte aussi sur la mobilisation de ses habitants, principaux consommateurs de la ressource, pour adopter les bons gestes.
Au printemps 2022, le village de Seillans a fait bien malgré lui la une de l’actualité. Les médias ont relaté la terrible sécheresse à laquelle la commune de l’arrière-pays varois a été confrontée, obligeant deux camions-citernes à déverser 8 000 litres d’eau chaque jour dans un réservoir destiné à l’alimentation de 400 foyers touchés par la pénurie. En cause, les 3 sources desservant la commune, qui se sont progressivement taries.
"Face à la dégradation de la situation, la commune de Seillans a pris un arrêté limitant la consommation d’eau à 200 litres quotidiens par habitant, puis quelques semaines après, le volume a été abaissé à 150 litres, puis à 100 litres", indique Eric Martel, directeur de la Régie des eaux du Pays de Fayence. Étendue au cœur de l’été aux huit autres villes de la communauté de communes, cette décision s’est accompagnée d’une campagne de sensibilisation de la population aux économies d’eau, notamment en direction des plus importants consommateurs, les résidences secondaires. Auprès de ces habitations, la régie a mené des contrôles avec sanction à la clé : une pastille réduisant le débit à un filet d'eau chez ceux qui ignoraient l'appel à la modération.
Un ambassadeur de l'eau pour sensibiliser habitants et professionnels du tourisme
"Nous parlons de sobriété hydrique depuis plusieurs années avec les habitants, poursuit Éric Martel. En août 2022, une baisse de l’ordre de 30 % des consommations a été enregistrée". Malgré cet effort remarquable des usagers, la situation est critique. Le Pays de Fayence est toujours en déficit hydrique. "Il faudrait une année complète de pluie pour recharger les nappes, rappelle le directeur. Les communes ont pris une décision inédite en instaurant une pause des permis de construire pour ne pas risquer une non-fourniture d’eau aux nouveaux arrivants ".
Le Pays de Fayence a également embauché un ambassadeur de l’eau, financé en partie par l’agence de l’eau. Sa mission : aller à la rencontre des habitants et des professionnels du tourisme pour informer sur les bons gestes, les bonnes pratiques et les aménagements à réaliser. Par exemple, le Camping du Cantaîre, qui accueille jusqu’à 3 500 personnes au plus fort de l’été, a décidé de réutiliser une partie de ses eaux de lavage de filtres de piscine pour arroser les espaces végétalisés, d’installer de nouveaux pommeaux de douche permettant de passer d’une consommation de 13 litres par minute à 2,8 litres. Résultat : sa consommation estivale a reculé de 50 %. Le Pays de Fayence pense déjà à l’avenir. Un nouveau modèle de financement de l’eau devra être imaginé pour ne pas pénaliser les territoires qui font le choix de la sobriété.
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