Et le lac redeviendra rivière Drôme

Depuis une dizaine d’années, le syndicat mixte de la rivière Drôme travaille, avec l’ensemble de ses partenaires, sur un projet de restauration morphologique du lit de la Drôme sur le secteur des communes d’Allex et Grâne : la réhabilitation de l’ancienne gravière des Freydières.

Ancien site d’extraction industriel de granulats installé dans le lit mineur de la rivière, cette gravière posait, depuis la fin de son exploitation et en l’absence de remise en état, un double problème : pour le bon fonctionnement éco-morphologique de la rivière Drôme et pour la gestion du risque inondation pour les populations alentour.

En effet, ce plan d’eau, séparé du lit actif de la Drôme par une digue en très mauvais état, présentait un risque de capture inexorable de la rivière lors d’une prochaine forte crue. Le détournement non maitrisé de la rivière vers le lac aurait alors eu des conséquences, potentiellement très importantes, sur le bon fonctionnement du cours d’eau, les milieux, les espèces (incision, banalisation des habitats) mais également sur la tenue des ouvrages (digues, seuils, ponts…) situés de part et d’autre du site.

Les coûts de réparations auraient été difficilement supportables par les collectivités et donc les habitants du secteur.
Afin de s’exonérer des risques d’une capture brutale de la rivière et d’assurer la restauration d’un fonctionnement plus naturel des milieux aquatiques, le projet porté par le SMRD et ses partenaires visait à réintégrer ce plan d’eau dans l’espace de mobilité de la rivière Drôme.
Après plusieurs années de concertation, procédure et d’instruction, l’obtention de l’ensemble des autorisations nécessaires a permis la réalisation des travaux sur l’automne et l’hiver 2022/2023, dans le respect des périodes de reproduction des espèces présentes sur et aux abords du site.
Ces travaux, encadrés par des bureaux d’étude spécialisés dans les interventions en milieux fragiles, ont été confiés au groupement d’entreprises VINCI/VIDIL/ONF et ont consisté aux opérations suivantes :

• Mise en place de mesures de réduction des impacts, en collaboration avec le monde naturaliste (repérage et mise en défend des zones sensibles (faune et flore), filtre anti-matières en suspension),
• Dévégétalisation des emprises du chantier et création des zones de circulation provisoires.
• Remblaiement partiel des zones les plus profondes du plan d’eau par l’apport de 110 000 m³ de matériaux propres, issus des opérations d’extraction menées à la confluence Drôme- Rhône. La profondeur maximum du lac est ainsi passée de plus de 8 mètres à environ 3 mètres.
• Arasement de la digue entre le lac et la Drôme, afin de créer un équilibre hydraulique entre la rivière et le lac lors des crues et ainsi maitriser les phénomènes de capture.
• Remise en état du site par nettoyage, décompactage des zones de circulation des engins et revégétalisation des zones impactées.

Au final, le plan d’eau est toujours existant mais présente une profondeur moindre, plus favorable au développement de la biodiversité et la reprise de la dynamique végétale du site permettra d’effacer rapidement les stigmates de l’opération. A l’avenir, le site évoluera au gré des crues de la Drôme qui viendront balayer cet espace et lui rendront ainsi un caractère naturel propice à la dynamique et à la diversité des milieux, des habitats et des espèces.

Ce projet, d’un montant total d’environ 1 800 000 € TTC a été rendu possible grâce à l’investissement du SMRD et de ses partenaires et à l’investissement technique et financier important de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée (50%) et de la Compagnie Nationale du Rhône (40%).