Les tourbières, grandes alliées de la planète

Réparties entre 700 et 1 300 mètres d’altitude sur près de 150 kilomètres, les tourbières du massif du Jura franc-comtois constituent un élément fort du paysage de la montagne jurassienne, l’un des territoires français les plus riches en marécages tourbeux. Mais autrefois considérées comme des zones improductives, insalubres, voire dangereuses, elles ont été massivement exploitées à des fins de chauffage domestique, de remblaiements, de dépôts d’ordures…

Elles sont pourtant fondamentales pour les milieux naturels, comme habitats pour une faune et une flore aujourd’hui menacées. Elles constituent aussi un stock de carbone piégé dans le sol, dont il s’avère stratégique d’empêcher le relargage dans l’atmosphère. Représentant 3 % des terres émergées du globe, elles contiennent en effet 30 % de tout le carbone mondial retenu dans les sols ; or lorsqu’elles sont dégradées, elles le relâchent sous forme de gaz à effet de serre.

70 tourbières concernées par le second programme Life

Dès 2014, un premier programme européen Life tourbières du Jura a donc été lancé par le Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté (Cen) avec ses partenaires, qui a permis de réhabiliter 55 tourbières sur 14 sites Natura 2000 avec le concours de l’Union européenne, de l’agence de l’eau, de la Région Bourgogne-Franche-Comté et des Départements du Doubs et du Jura. Dans l’actuel contexte d’accélération du changement climatique, un second programme vient de démarrer. Financé à hauteur de 12,5 millions d’euros, dont 60 % par l’Europe et 27 % par l’agence de l’eau, il vise d’ici à 2029 à la restauration de 70 tourbières, soient 500 hectares et 60 communes concernés. "Les travaux, qui visent à remonter le niveau de la nappe afin d’obtenir une saturation en eau permettant aux tourbières de se régénérer, consistent à neutraliser 36 kilomètres de fossés de drainage, à restaurer 18 kilomètres de cours d’eau et à reprendre 27 hectares d’anciennes fosses d’extraction", explique Émilie Calvar, coordinatrice du programme pour le Cen.

Les études préalables d’animation foncière sont en cours afin de conclure les conventions de gestion ou d’autorisation de travaux avec les communes et les propriétaires privés. Les bénéficiaires du programme peuvent aussi proposer d’acquérir certaines parcelles.