Aude : il faut sauver l'Arnouze

Maltraité au fil des ans par le développement urbain, l’Arnouze serpente sous des ponts, longe des parkings, passe sous le canal du Midi et se faufile parmi des surfaces commerciales entre les communes de Lavalette, Alairac et Carcassonne avant de rejoindre la rivière du Fresquel. Le cours de cet affluent de l’Aude a été détourné de son tracé d’origine, bétonné, canalisé et pollué par de multiples rejets. Nappes d'huiles, odeurs de gasoil, déchets en tous genres encombrent un lit souvent réduit à la largeur d'un gros tuyau. Réalisé sur la période 2018-2019 par le Conseil départemental de l’Aude et Carcassonne Agglo, en lien avec l’agence de l’eau, le diagnostic sur la qualité de l’eau a confirmé ce triste panorama. Il a recensé dans le ruisseau pas moins de 49 micropolluants de type métaux et pesticides, ainsi que six molécules au-delà des normes telles que l’arsenic, le cuivre et le zinc.

Redonner vie à l’Arnouze

Si ce sous-affluent de l'Aude n'a plus guère de rivière que le nom, le Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières (SMMAR) et le Syndicat de rivière du bassin versant du Fresquel (SMAH Fresquel) ont décidés de le restaurer, via un contrat de bassin élaboré à la suite des réflexions engagées dans le SAGE du Fresquel. "Aujourd’hui, la qualité de l’eau de l’Arnouze est évaluée à un niveau médiocre, indique Émilie Baille, animatrice du Sage Fresquel. Conformément aux orientations du SDAGE, notre objectif est d’atteindre le bon état en 2027, par la reconquête écologique et hydromorphologique". Une première phase de travaux a été conduite l’année dernière à Carcassonne. D’un montant total de plus de 125 000 euros, le chantier a permis de reconnecter l’Arnouze avec son lit historique sur plus de 2 kilomètres. En parallèle, dans le parc urbain Thomas Edison, les berges ont été adoucies sur 150 mètres pour redonner un aspect plus naturel à la rivière et recréer un substrat qui lui permettra de booster ses capacités auto-épuratrices. Ces travaux permettront également un meilleur écoulement des eaux en cas d’évènement pluvieux.

Une 2e tranche de travaux en 2023

"Nous voulons aussi accroître notre communication auprès des entreprises riveraines, ainsi que du grand public, pour qu’ils prennent conscience qu’ils vivent et travaillent à côté d’une rivière et qu’ils agissent à leur échelle pour améliorer la qualité de ce milieu" ajoute Émilie Baille.

Une seconde phase de travaux devrait être lancée cette année. Au programme : suppression de petits ouvrages délabrés et sans usages qui limitent le transit sédimentaire, reprise du seuil des Saumes, restauration d’une zone humide dans un bras mort.