Philippe Frutier, la photo comme arme de conviction

Il survole les territoires pour prendre de la hauteur. Après une première vie professionnelle en tant que commercial, ces deux passions de toujours - la photo et le pilotage - deviennent un métier sur le tard : photographe aérien. Une vocation qu’il prend soin d’inscrire dans un engagement environnemental. Selon lui, d’en-haut il est plus facile d’éveiller les consciences. Ses clichés, regroupés dans une photothèque de milliers d’images, donnent lieu à des expositions, des livres… mais voilà, il semblait important à Philippe Frutier de souligner à travers un film le phénomène qu’il avait observé. Depuis une dizaine d’années, dans le nord de la France, avec le fléau des coulées de boue, il constate que l’actuel mode de production agricole atteint ses limites. "On a longtemps imaginé que le sol n’était qu’un support, mais il est vivant et il faut accroître sa fertilité " insiste-t-il.
Avec le documentaire "Paysans du ciel à la terre" en salle le 11 mars, le photographe s’engage à sensibiliser à la vie des sols pour la vie des humains. Durant 3 ans et demi d’enquête, il est passé par plusieurs phases. La colère d’abord. Puis la conviction qu’on peut encore encourager agriculteurs, consommateurs et collectivités à agir pour ne pas que la terre fertile des champs file en torrents. C’est ainsi qu’avec les co-auteurs Hervé Payen, réalisateur, et Agathe Vanieu, compositrice de la musique et auteur, ils partent à la rencontre des agriculteurs. "Les surfaces et les rendements n’ont fait qu’augmenter. Pour autant, les agriculteurs n’ont jamais été aussi mal, analyse-t-il. Pour le film, nous avons exploré principalement deux voies : l’agriculture bio et celle de la conservation des sols". Celui qui partage des idées de Marc-André Selosse, Pierre Rabhi ou encore Philippe Dessertine se veut réaliste : "Il faut changer de logiciel pour revenir à l’essentiel, réapprendre à organiser la vie. La véritable valeur d’un pays, ce n’est pas l’or et le pétrole, c’est l’eau et la vie". Et de conclure : Une terre “auto-fertile” ne serait-elle pas la clé de l’agriculture de demain ?