Quel est l’état de santé des lagunes méditerranéennes ?
L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse confirme que l’état des lagunes méditerranéennes s’améliore progressivement depuis une dizaine d’années au regard des résultats de la surveillance 2021. Mais les effets du changement climatique tels que l’augmentation des températures, la diminution des précipitations et de l’oxygénation de l’eau peuvent atténuer l’efficacité des actions menées pour l’atteinte du bon état de ces milieux fragiles.
Les lagunes méditerranéennes sont des milieux emblématiques des bassins Rhône‐Méditerranée et de Corse et de leurs côtes sableuses, d’une grande richesse patrimoniale, au fonctionnement complexe et soumis à de fortes pressions humaines. Elles sont les réceptacles ultimes de leur bassin versant avec un renouvellement des eaux très lent, une faible profondeur et des sédiments qui accumulent les pollutions. Que ce soit pour la pérennité de leurs usages (conchyliculture, pêche, baignade, loisirs nautiques, tourisme…) qui nécessitent un milieu de bonne qualité, ou pour la biodiversité exceptionnelle et fragile qu’elles accueillent, la reconquête de la qualité écologique des lagunes est une priorité majeure dans un contexte de changement climatique.
Le changement climatique impacte l’atteinte du bon état des eaux des lagunes
La qualité de l’eau des lagunes s’améliore progressivement depuis les années 2010, alors que l’on constatait une eutrophisation quasi généralisée en 2000-2001. Cette évolution positive est le résultat des efforts et des investissements importants consentis par les communes pour améliorer l’assainissement grâce à des traitements poussés de l’azote et du phosphore dans les stations d’épuration. Une meilleure gestion et préservation des zones humides périphériques ainsi que la restauration de la qualité de l’eau et du fonctionnement des rivières affluentes des lagunes participent également à ces progrès.
La dernière campagne de suivi réalisée en 2021 sur toutes les lagunes de la Méditerranée française, en partenariat avec Ifremer, montre les résultats suivants :
- La qualité de l’eau, au regard des nutriments et du phytoplancton, de certaines lagunes emblématiques comme l’étang de Berre ou les étangs palavasiens s’améliore pour atteindre un niveau compatible avec le bon état écologique pour 50 % des lagunes méditerranéennes.
- La qualité des invertébrés vivants sur le fond s’améliore pour plus de la moitié des lagunes suivies.
- La qualité des macrophytes (plantes aquatiques) se dégrade à l’inverse pour 40 % des lagunes suivies, probablement en lien avec les effets du changement climatique tels que l’augmentation des températures, la diminution des précipitations et la baisse de l’oxygénation de l’eau.
Ces résultats contrastés confirment la fragilité des écosystèmes lagunaires face aux changements globaux.
Depuis l’année 2022, l’agence de l’eau accompagne l’Ifremer pour la mise en place d’un observatoire des effets des épisodes extrêmes sur les lagunes et notamment sur les macrophytes, qui apportera des données précieuses sur les effets du réchauffement et les signes précurseurs d’un éventuel basculement de l’écosystème.
Agir sur tous les fronts pour restaurer les lagunes
Ces résultats doivent inciter à agir plus vite et plus fort pour la restauration des lagunes. Dans cet objectif, l’agence de l’eau accompagne les gestionnaires des lagunes pour estimer les flux de nutriments qui arrivent dans les lagunes par l’intermédiaire des cours d’eau, canaux ou lessivage des sols afin d’établir des plans d’actions pour réduire les apports polluants. Ces démarches concertées nécessitent d’abord de dimensionner l’effort à réaliser pour engager la lagune dans une dynamique de restauration, puis de tester différents scénarios établis avec tous les acteurs concernés pour aboutir à un programme de travail partagé.
L’agence de l’eau publie une étude sur cette démarche. Elle s’appuie sur la surveillance des flux de pollution vers 5 lagunes méditerranéennes (lagunes palavasiennes, du Ponant, de l’Or, de Berre, de Bages-Sigean).
Améliorer les systèmes d’assainissement, restaurer les zones humides périphériques et les cours d’eau affluents, désimperméabiliser les sols des bassins versant, modifier les pratiques agricoles, rétablir le fonctionnement naturel des cours d’eau… il est nécessaire d’agir sur tous les leviers disponibles pour que la qualité de ces milieux fragiles s’améliore durablement.
L’agence de l’eau est un acteur majeur de la surveillance des écosystèmes lagunaires
Elle met en place depuis plus de 20 ans des suivis de l’état écologique des lagunes complétés plus récemment par l’analyse des pesticides présents dans l’eau des lagunes ainsi que des flux de nutriments (azote, phosphore) arrivant par les cours d’eau. Elle soutient également financièrement les gestionnaires dans la mise en œuvre des plans d’actions qui découlent des étapes de surveillance et de connaissance des lagunes. Par exemple, sur le bassin versant de étang de l’Or, soumis à un développement démographique continu et à des activités qui fragilisent les milieux naturels et notamment la lagune, le nouveau contrat 2022-2024 engage tous les acteurs du territoire, élus, acteurs économiques, usagers, pêcheurs et associations de protection de la nature autour d’un programme d’actions de 6,5 millions d’euros en faveur des milieux aquatiques dont 42 % apportés par l’agence de l’eau.
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