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Maynadier web
> vendredi 08 juillet 2022

Des cactus au milieu des vignes

Production en retrait, qualité menacée, taille des fruits réduite… les vignes audoises subissent les conséquences du réchauffement climatique de plein fouet. Le vigneron Laurent Maynadier s’adapte à ces nouvelles conditions ; il mise sur l’aloe vera pour pallier la chute de rendement de son activité.

LE PROBLÈME

Chez les Maynadier, on est vigneron de père en fils depuis treize générations. Une tradition mise à mal par les conséquences du réchauffement climatique sur les vignes du domaine Château champ des sœurs, basé à Fitou, village le plus sec de France. Comme l’explique Laurent, dirigeant actuel de l’entreprise familiale : "entre les épisodes tardifs de gel, les records de température l’été et les épisodes récurrents de sécheresse, nos cultures trinquent. Et la situation ne va pas en s’améliorant… Mes grands-parents avaient l’habitude de débuter les vendanges autour du 20 août, mes parents entre le 10 et le 15, et moi, sur les cinq dernières années, j’ai commencé trois fois en juillet. Aujourd’hui, c’est devenu la norme". Stressées hydriquement, les parcelles n’arrivent plus aujourd’hui à produire des raisins équilibrés, de grande qualité et de taille optimale. Les récoltes ont baissé de 30 % en 2020.

LA SOLUTION

Fataliste, mais pas résigné, l’agriculteur audois a décidé d’arrêter la monoculture, dans le but de diversifier ses sources de revenus et de perpétuer l’activité du domaine malgré les bouleversements climatiques. Il a sollicité la Chambre d'agriculture de l'Aude puis l'agence de l'eau. Les deux structures ont adhéré sur le champ et lui ont proposé d’expérimenter les plantes à parfums aromatiques et médicinales, ainsi que des cactées afin d’estimer leur adaptabilité aux conditions climatiques et à la qualité de la terre du département de l’Aude. "Je suis passé de 17 à 10 hectares de vignes, explique Laurent Maynadier. Pour chaque cep arraché, j’ai replanté en bio des variétés résistantes au changement climatique comme du thym, du romarin, de l’origan, des figuiers de barbarie ou encore des aloe vera".

LES RÉSULTATS

La phase d’expérimentation a mis en évidence des difficultés propres à chacune d’entre elles. "La variété de lavandin et de lavande ne s’est pas du tout adaptée, indique l’agriculteur. Nous avons abandonné aussi l’olivier et l’amandier, trop gourmands en eau. En revanche, les 300 premiers pieds d’aloe vera ont trouvé toute leur place au cœur du domaine sur nos parcelles les plus chaudes et les moins arrosées. Cette plante désertique aux multiples vertus semble bien s'adapter à notre terroir et nécessite moins d’eau que les vignes et aucun traitement chimique".

Laurent Maynadier travaille aujourd’hui à la création d’un atelier de transformation, en vue de fabriquer à partir d’aloe vera directement sur place du gel et des jus, selon les normes de la bio. Il souhaite aussi développer une filière de production en Occitanie.

Aide de l’agence de l’eau : 60 600 € en 2021 dont 13 000€ pour l’action de diversification dans le cadre de l’accord de partenariat 2019-2021 entre l’agence de l’eau et la Chambre d’agriculture de l’Aude

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