
Un nouveau paradoxe de la conservation dans les réserves marines, révélé par l'ADN environnemental
Une étude collaborative menée en Méditerranée par l’EPHE-PSL, avec l'Université de Montpellier et l'Université de Perpignan, révèle que si certaines espèces de poissons dépendent des mesures de protection pour persister, d'autres restent inféodées à une mer anthropisée.
Publiés le 28 avril dans la revue Proceedings of the Royal Society B, ces résultats remettent en question les indicateurs actuels de mesure du bon état écologique d’un écosystème et amènent à repenser la stratégie de conservation des espèces.
L’étude française a été menée par un large consortium composé de chercheurs de l’École Pratiques des Hautes Études (EPHE), de l’Université de Montpellier, de l’Université de Perpignan et de leurs partenaires (Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, SpyGen et Andromède Océanologie). L’objectif des chercheurs était de caractériser de manière plus exhaustive la biodiversité des poissons à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de 6 réserves marines et ainsi de mieux évaluer l’impact des mesures de protection grâce à l’analyse de l'ADN environnemental.
Le paradoxe des réserves marines méditerranéennes
Les analyses ont montré une augmentation de la biodiversité en poissons en fonction de la distance à la réserve. Ce résultat inédit et surprenant révèle un nouveau paradoxe en conservation.
L’autre résultat marquant de l’étude est la différence de composition en espèces entre les réserves et leur extérieur. Malgré la proximité géographique, ces sites présentent des espèces très différentes avec notamment bien plus d’espèces crypto-benthiques comme les gobies à l’extérieur des réserves, alors que les espèces vulnérables restent plus présentes à l’intérieur des réserves.
Les chercheurs nuancent toutefois ce paradoxe observé, estimant qu’il ne doit en aucun cas occulter le rôle clef des réserves marines en Méditerranée. En effet les espèces exploitées comme l’espadon ou la bonite restent plus détectées dans les réserves où elles sont protégées qu’à l’extérieur. Selon les scientifiques, ce résultat montre surtout que l’homme, à travers ses activités, a façonné des assemblages d’espèces très différents même localement. On distingue nettement des espèces inféodées à une mer anthropisée, et d’autres qui sont dépendantes des mesures de protection pour persister.
Une diversité de mesures de protection permettrait donc d’obtenir une forte biodiversité régionale selon les chercheurs. Cette étude pose alors la question de l’utilisation de la diversité spécifique (nombre d’espèces) comme seul indicateur du bon état écologique d’un écosystème ou comme objectif de gestion.
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