> MERCREDI 09 DÉCEMBRE 2020 |
Patricia Ricard |
Fonction Présidente de l'Institut océanographique Paul Ricard |
Patricia Ricard, dame nature
Difficile de trouver plus militante et imprégnée de biodiversité que Patricia Ricard. La présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard multiplie les interventions pour faire comprendre les enjeux de la sauvegarde du vivant. Parmi ses chevaux de bataille : le biomimétisme !
1963 : naissance à Madrid |
1986 : stagiaire chez Ricard |
1991 : création des Mardis de l'environnement |
2006 : présidente de l'Institut Paul Ricard |
2015 : vice-présidente de la plateforme Océan & Climat |
2019 : cheffe de file de la délégation française au sommet des deux Rives à Marseille |
Qu’est-ce que le biomimétisme ? Un peu comme le coucou pose ses œufs dans un nid qui n’est pas le sien, les "biomiméteurs" considèrent la nature comme le meilleur laboratoire de R&D existant et envisagent la planète comme une source inépuisable d’inspiration : en matière de gestion et de production d’énergie, de fabrication de matériaux, de recyclage ou encore d’ergonomie. Patricia Ricard est l’une de leurs porte-parole les plus actifs et crédibles en raison de son histoire personnelle avec la mer et les océans. Enfant, elle passe ses journées dans l’eau, à Bendor et aux Embiez, deux petites îles au large de Bandol et de Sanary-sur-Mer. Son imaginaire est nourri par les réponses scientifiques que les chercheurs de l’Observatoire de la mer apportaient à ses questions innocentes. Adulte, elle s’engage très tôt, milite au sein du comité consultatif de Greenpeace puis au WWF, organise à Paris des conférences baptisées les Mardis de l’environnement. Elle s’inscrit aussi dans l’histoire familiale jusqu’à devenir, en 2006, présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard crée par son grand-père. Cette association contribue au développement de l’aquaculture et de la conchyliculture, accompagne la mise en place des premières stations d’épuration, met au point un procédé naturel accélérant la dégradation des marées noires par les bactéries marines… Patricia Ricard continue à relayer et à faire grandir cette conscience écologique initiée par son grand-père.
Comme son aïeul, elle est intarissable, éloquente, et joue d’un certain sens de la formule. "J’ai eu l’intuition, très jeune, que les gens ne sont pas coupables, mais mal informés, dit-elle. Or le plus grand défi aujourd’hui – et il n’en existe qu’un sur lequel il faut apporter des explications claires – c’est la nécessité de sauver le vivant, en protégeant les océans, le climat et la biodiversité ".
Pour cela, elle croit beaucoup dans ce qu’elle appelle "les solutions fondées par la nature" : par exemple en s’inspirant de la manière dont la biodiversité marine respire, se nourrit, se déplace, habite ou se protège.
Pour poser des résultats sur des idées, elle est par exemple partie prenante du projet 13 Océan visant à faire fonctionner, à Marseille, une ferme urbaine aquacole adaptée aux justes besoins des habitants. Les objectifs sont vertueux : produire des aliments localement, sans vider les océans ni détruire les ressources, sans émettre de gaz carbonique ni produire de déchets plastiques et sans avoir recours à une chaîne du froid extrêmement polluante. Bref, la naissance d’un nouveau monde !
"L’eau est l’élément commun à toutes les formes de la vie. Pour sauver le vivant, il faut préserver les océans, le climat et la biodiversité, sur lesquels nos actions du quotidien ont, toutes, un impact"