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Magali Saumade, présidente de la CA du Gard
vendredi 10 janvier 2020

"Sur la problématique de l’eau, il faut raisonner collectivement à l’échelle d’un bassin versant ou d’un captage"

A l'occasion du renouvellement du contrat entre la chambre d'agriculture du Gard et l'agence de l'eau, Magali Saumade, présidente de la Chambre, revient sur le partenariat qui lie les deux organismes.

Pourquoi la Chambre d’agriculture du Gard travaille-t-elle en partenariat avec l’agence de l’eau ?

"On oppose souvent le monde agricole et les institutions, c’est dommage car on peut agir ensemble. Une gestion durable de la ressource en eau est un objectif commun alors pourquoi ne pas le faire en concertation et non en opposition ? Sans eau pas d’agriculture. Sans agriculture pas d’aménagement cohérent des territoires. Les Gardois ont toujours eu une relation privilégiée avec l’eau, à l’image de tous les aménagements hydrauliques présents depuis le Pont du Gard jusqu’au canal Philippe Lamour. Etant manadière en Camargue, j’ai un attachement très particulier à cette ressource vitale. L’eau, on en a tous besoin. La gestion de l’eau est d’autant plus délicate dans le Gard où nous devons faire face à des extrêmes comme en 2002 et les terribles inondations ou en 2019 où il a plu moins de 200 mm entre janvier et septembre.

Le partenariat entre l’Agence de l’eau et la Chambre d’agriculture est ancien. Il a débuté dès la fin des années 80 avec des actions initiées pour lutter contre les pollutions diffuses liées aux nitrates en Vistrenque. Ensuite il y a eu la directive européenne Nitrates, la mise en place de la MESE (Mission d’Expertise et de Suivi des Epandages), les captages prioritaires… Il est bon de rappeler qu’à chaque fois ce n’est pas la Chambre d’agriculture qui a décidé de mettre en place de nouvelles normes. Au lieu de baisser les bras au risque de voir les agriculteurs disparaître dans ces zones déclarées sensibles, nous avons préféré nous retrousser les manches pour essayer de trouver des solutions. Trouver des alternatives pour permettre aux agriculteurs de continuer à faire leur métier tout en respectant la réglementation et en préservant la ressource en eau.

Face à l’enjeu stratégique que représente l’eau pour la profession agricole et pour apporter de la cohérence à toutes les actions que nous menions sur le terrain, nous avons décidé de signer en 2012 un accord cadre de coopération avec l’Agence de l’eau. Fort du succès de cette première, un second accord cadre est signé engageant la Chambre d’agriculture de 2016 à 2021.
Ce dossier primordial de l’eau est suivi avec assiduité et ténacité par Philippe Cavalier, élu responsable du Comité EAU à la Chambre d’Agriculture."

Quels sont les principaux atouts de la Chambre d’agriculture pour mener à bien les missions confiées par l’agence de l’eau ?

"Comme le mentionne notre logo c’est la Chambre de l’agriculture et des territoires. Nous avons à cœur de travailler dans l’intérêt de tous les acteurs locaux : aussi bien les agriculteurs que les maires, les coopératives… Pour réussir et avoir un réel impact, rien de mieux que d’agir ensemble. Surtout sur la problématique de l’eau où il ne faut pas raisonner de manière individuelle mais collectivement à l’échelle d’un bassin versant ou d’un captage.

De manière imagée, je pourrais faire un parallèle avec les soldats du feu qui luttent contre les incendies et nos "soldats de l’eau" qui agissent en faveur de la ressource en eau.
Notre principale force à la Chambre d’agriculture c’est que nous avons de nombreux spécialistes qui permettent d’apporter une expertise complémentaire.
Sur les captages de St-Gervais, Pouzilhac, Cornillon, nous avons par exemple une animatrice territoriale qui facilite le travail des mairies, qui conseille les agriculteurs, qui fait le lien entre professionnels et jardinier amateurs, pour la reconquête de la qualité de l’eau sur le secteur qui est d’’intérêt général.
Nous avons évidemment des techniciens par filière avec un spécialiste de l’agriculture biologique dans chacune d’entre elles. Pour réduire voire arrêter le désherbage chimique par exemple, il y a une multitudes d’alternatives encore faut-il choisir celle adaptée aux conditions pédo-climatiques locales. Notre spécialiste en agro-équipement proposera l’outil de travail du sol adapté ou le matériel innovant qui contribuera à la réduction des pollutions agricoles ponctuelles et diffuses (ex : buse anti-dérive, pulvérisation confinée…).
Nous avons aussi des spécialistes de la gestion quantitative de l’eau pour optimiser l’eau indispensable aux cultures avec des approches bien différentes évidemment si on se trouve sur les contreforts cévenols ou en plaine viticole.
Nous travaillons aussi à la préservation des milieux en promouvant par exemple une bonne gestion des zones humides et en participants aux divers projets de renaturation des cours d’eau
Notre force aussi c’est de connaître les agriculteurs, leurs manières de travailler pour pouvoir leur proposer les alternatives qui correspondent à leurs besoins. Il n’y a pas de solution unique. Le conseil technique peut être accompagné d’un suivi économique. Il faut mettre en place des solutions durables pour l’eau mais aussi durables pour la pérennité économique des exploitations. Il faut que les agriculteurs qui font des efforts soient encouragés et non pénalisés."

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