
> JEUDI 05 DÉCEMBRE 2019 |
Chanee |
Fonction Citoyen indonésien qui consacre sa vie aux singes |
Le protecteur des gibbons
Chanee consacre sa vie au sauvetage des gibbons. Sans relâche, il lutte contre les plantations de palmiers, responsables de la déforestation. Il a participé, en octobre, au colloque sur l’eau et la biodiversité de l’agence de l’eau.
1979 : Naissance dans le Var |
1996 : parution de son livre Le Gibbon à mains blanches |
1998 : Aurélien Brulé devient Chanee (gibbon en thaï) |
L'histoire débute comme un rêve d'enfant. "Je vivais à côté du zoo de Fréjus quand j’étais gamin. Je me suis pris de passion pour les gibbons à tel point que le directeur m'a laissé les observer tous les mercredis ", explique Chanee. À force d’étudier ces singes de petite taille, mais aux longs bras, il publie un premier livre sur le sujet à seize ans. Son ouvrage impressionne les primatologues, qui l'invitent à venir s'exprimer devant la Société francophone de primatologie. Et là, Muriel Robin s’en mêle : "Elle a eu un coup de foudre amical et a souhaité me donner ma chance en finançant la majeure partie de mon voyage pour observer les gibbons dans leur milieu naturel ". Un aller sans retour en Thaïlande puis en Indonésie. Après six mois de discussion, il obtient l'autorisation d'installer un abri dans la forêt de Bornéo. "C'est en vivant sur place que j’ai pris conscience du réel danger de la déforestation, poursuit-il. J’ai alors fondé l'association Kalaweit - gibbon en indonésien - destinée à protéger les animaux. À l'époque, on faisait face à des braconniers artisanaux, qui volaient les bébés pour les revendre comme des jouets vivants, car les gibbons ont la particularité de chanter ". Kalaweit recueille les singes, mais aussi des ours et pangolins dans ses centres de Sumatra et Kalimantan près desquels des réserves ont pu être achetées et constituées.
"Il faut acheter des forêts pour protéger les gibbons"
Vingt ans plus tard, le combat est loin d’être gagné. Face à la déforestation de l’île au profit de la culture intensive d'huile de palme, le territoire des gibbons ne cesse de diminuer, incitant le jeune quarantenaire à changer de tactique : "Aujourd'hui, pour protéger la forêt, il faut devenir propriétaire terrien. C'est la seule solution pour éviter qu'elle ne soit transformée en plantations de palmiers à huile. Cela coûte 900 euros l'hectare ".
Rien n'arrête ce citoyen indonésien depuis 2012, marié et père de deux enfants. Son nouveau projet : protéger 1 500 hectares dans la forêt de Dulan à Bornéo. Pour l’aider à trouver les financements nécessaires, il revient une dizaine de jours par an en France.
Coup de cœur
"Total a été débouté en octobre par le Conseil constitutionnel, qui a jugé qu’on pouvait supprimer l’avantage fiscal sur les carburants à base d'huile de palme. Une victoire pour le climat."
Coup de gueule
"Plus de la moitié des 7,5 millions de tonnes d’huile de palme importées en Europe finissent dans les réservoirs de nos voitures, sans que le consommateur ait le choix de l’éviter en boycottant tel ou tel carburant. "