Etude : quel est l'impact du mouillage des grands navires le long de nos côtes ?
En utilisant des données AIS (système d’identification automatique) permettant aux bateaux de d’identifier et se localiser, des chercheurs d’Andromède océanologie et de l’Université de Montpellier ont estimé la pression de mouillage subie par les habitats marins côtiers de méditerranée Française (1 800 km de côte). Près de 30 % des fonds subissent l’impact des ancres de grands navires, et les herbiers sous-marins à posidonie (Posidonia oceanica) sont les plus impactés en termes de durée.
Près de 80 % du commerce mondial en volume et 70 % en valeur se déroule par la mer et les ports. Les navires transportent passagers, marchandises, professionnels (pêche, recherche)…pour des usages commerciaux ou récréatifs. Les impacts négatifs pour l’environnement sont nombreux : collision, pollution (produits antifooling, eaux de ballaste, produits pétroliers) et moins connu… le mouillage. Le mouillage est défini comme le déploiement à court terme d’un engin physique permettant à un navire de se fixer au substrat. Le mouillage est responsable de dommages physiques sur de nombreux habitats marins sensibles comme les herbiers sous-marins et les récifs bio-construits dont la rémission est généralement limitée par une croissance lente. Localiser et quantifier les zones subissant une pression de mouillage est essentiel pour éviter les conflits d’usage et faciliter la gestion des impacts. Des systèmes d’identification automatique (AIS) existent et permettent aux bateaux et aux autorités côtières de s’identifier et se localiser. Les AIS sont obligatoires depuis fin 2004 à bord des navires de plus de 300 tonneaux engagés dans des eaux internationales et des navires de plus de 500 tonneaux non engagés dans des eaux internationales et pour tous les navires commerciaux transportant des passagers peu importe leur taille pour des raisons de sécurité (International Marine Organization, 2016). La plupart des bateaux de plaisance mesurent moins de 24 m et ne sont pas concernés par l’obligation ; peu d’entre eux installent volontairement un AIS.
Dans l’article tout juste paru dans Marine Pollution Bulletin, des chercheurs de Montpellier ont utilisé les données AIS disponibles entre 2010 et 2015, le long des côtes françaises méditerranéennes. La comparaison de ces données à des observations de terrain (comptage de la côte ou par avion) montre que les données AIS reflètent principalement les grands navires (> 50 m) soit 1/5 des bateaux environ. C’est en région PACA que la pression de mouillage est la plus forte (99 % des impacts) avec quatre zones de forte concentration. En couplant des données de mouillage avec une carte des habitats sous-marins, ils montrent qu’environ 30 % des habitats côtiers (0 à -80 m) subissent une pression de mouillage par ces grands navires. Les herbiers sous-marins à posidonie (Posidonia oceanica), ceux-là même qui rendent les services écosystémiques les plus importants, sont les plus impactés en terme de durée. Une méthodologie efficace pour estimer la pression de mouillage due aux grands navires vient donc d’être mise en place. Elle pourra servir à la mise en place de mesures de gestion et de campagnes de sensibilisation ciblées. Avis aux plaisanciers, si l’usage des AIS se démocratise, la sécurité des plaisanciers sera améliorée …et cette méthode sera encore plus efficace !
1 commentaire
Bonjour, Relation très intéressante entre les données AIS des grands navires au mouillage et des impacts sur les écosystèmes marins. Si l'on peut considerer que les ancres enfoncées dans le substrat marin, donc bien localisées, ainsi que les chaînes et lignes de mouillages ont un impact négatif limité sur les fonds, que penser des chalutiers de Port Vendres, Port la Nouvelle, Sète, Le Grau du Roy... qui raclent à longueur d'année le golfe du lion, et ce, bien souvent dans les zones interdites ou à la limite des 300 m de la plage. Faudrait peut être voir à relativiser.