Irriguer grâce au Rhône… pour sauver la Drôme
Les agriculteurs du Val de Drôme, soumis jusqu’ici à des restrictions estivales sévères de prélèvement, pomperont désormais l’eau du Rhône pour soulager la Drôme.
Semences, herbes aromatiques, ail, oignons… Dans le Val de Drôme, à l’aval de Crest, l’irrigation a permis des diversifications à bonne valeur ajoutée. «Et donc de créer des emplois et de maintenir un tissu rural », assure Jean-Paul Crouzet, agriculteur à Montoison et vice-président du Syndicat d’irrigation drômois. Deux arguments économiques à concilier avec les objectifs écologiques : la rivière Drôme subit en effet des étiages très sévères. « Outre les restrictions drastiques imposées régulièrement, les agriculteurs avaient accepté, dès le premier Sage, en 1997, de ne pas augmenter les surfaces irriguées, moyennant la recherche d’une solution de substitution au pompage dans la Drôme, à hauteur de 2 Mm3», rapporte Chrystel Fermond, animatrice du Sage. La création, en 2003, de la réserve de Juanon (1 Mm3) a apporté la moitié de la solution. « Mais nous savions que ce n’était pas suffisant », commente Jean-Paul Crouzet, qui a étudié, pendant plusieurs années, divers moyens avec ses confrères et des bureaux d’étude… En vain.
Jusqu’à ce qu’un projet très ambitieux émerge, en 2014. Il consiste à supprimer la prise d’eau dans la Drôme qui alimente le secteur d’Allex-Montoison, pour irriguer ce dernier grâce à un maillage avec celui d’Etoile-Livron, lui-même alimenté par une station de pompage dans le Rhône.
Les agriculteurs financent 30% du projet
Cet été, 4 km de tuyaux ont déjà été installés et l’ensemble du dispositif fonctionnera à partir de 2018. D’un coût de 7 M€, ce projet est financé à 70% par l’agence de l’eau, le Département de la Drôme et le Feader, et à 30% par les agriculteurs eux-mêmes, y compris les irrigants individuels, intéressés par la fin annoncée des restrictions. Il permettra d’atteindre l’objectif d’économie de prélèvement fixé au Plan de gestion de la ressource en eau (873 000 m3). « Et même de ne plus rien prélever dans la Drôme en période d’étiage», annonce Jean-Paul Crouzet, qui s’est vu félicité par le représentant de la Frapna à la CLE, pour tous ces efforts fournis par les agriculteurs.
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