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Jean-François Monod et Gilles Lorente dans un champ qui borde le Tréboul
> mercredi 12 août 2015

Le Tréboul a la fibre agricole

Petit ruisseau de l’Aude, le Tréboul est en passe de sortir du rouge grâce à un contrat de restauration ambitieux signé par les collectivités locales. Celui-ci complète les démarches vertueuses des agriculteurs, sur fond de concertation.

Début 2015, les collectivités locales engagées dans la CLE du Fresquel ont signé un contrat pour la restauration d’un de ses affluents, le Tréboul, à Castelnaudary (Aude). Le programme d’actions de 1,6 M€, porté par le syndicat du bassin versant du Fresquel, est ambitieux. "D’ici à 2017, nous engagerons des travaux pour améliorer le faciès de l’écoulement de ce petit cours d’eau, explique Gilles Lorente, ingénieur du Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières (Smmar) de l’Aude et animateur du Sage du Fresquel. Ce ruisseau, recalibré notamment dans les années 1970, ressemble le plus souvent à un fossé. Nous voulons varier les profondeurs et les largeurs du cours, donc les rythmes du débit. Il doit regagner en lenteur, éroder ses berges et reconquérir une fonction d’épuration de ses propres eaux".

"Un ruisseau qu’on ne quitte plus des yeux"

Pour Gilles Lorente, la restauration doit parachever un processus de prise en charge du Tréboul par tous les acteurs locaux. Une démarche collective, "qui permet de poursuivre la mutualisation des ressources prônée depuis toujours par les acteurs de l’eau", estime Jacques Dimon, président du syndicat. Ainsi, alors que la rivière souffrait depuis longtemps d’un cours et d’une qualité de l’eau dégradés, le syndicat mixte du Fresquel a lancé en 2012 une étude sur "le chemin de l’eau". Objectif : dresser des scénarios de parcours des eaux en fonction de divers paramètres, dont la pluviométrie. De son côté, la mairie de Castelnaudary a consacré 1,5 M€ au redimensionnement de sa station d’épuration en 2013. "Créée en 1992, elle ne répondait plus aux exigences d’épuration, explique le maire. Nous avons étendu sa capacité avec de nouveaux bassins, et mis en place la surveillance de six indicateurs de pollution. Le Tréboul doit retrouver une eau de qualité. C’est un ruisseau qu’on ne quitte plus des yeux !" Ce souci est partagé par la vingtaine d’agriculteurs du bassin du petit cours d’eau. Souvent spécialisés dans les semences, ils ont une grande culture de l’expérimentation. Ils sont aussi très structurés au sein de la chambre d’agriculture et habitués à respecter des cahiers des charges. "Cette manière de travailler nous donne une vision commune, explique Jean-François Monod, agriculteur à Villeneuve-le-Comptal et élu de la chambre d’agriculture. Nous avons une forte conscience que notre économie est liée à l’eau et qu’il nous faut apprendre à mieux maîtriser nos flux".

Faire de la pédagogie

Depuis deux ans, en effet, ceux-ci se sont engagés dans une démarche qui a pour objectif de mieux filtrer et ralentir les rejets de leurs parcelles dans la rivière. Ils participent aux réunions de la chambre d'agriculture de sensibilisation à une meilleure gestion de la ressource (espèces végétales moins gourmandes en eau, choix de la période d’épandage, diversification des cultures qui évite de concentrer les apports d’eau au même moment). Cette année, avec l’aide de la chambre, ils feront un diagnostic des flux des différentes exploitations, après formation. En effet, en décembre dernier, ils se sont tous initiés en Lorraine à des procédés de traitement des rejets : la paille qui ralentit l’eau et l’épure, le détournement de fossé, le recours au phytobac pour nettoyer les pulvérisateurs et les systèmes de mesure scientifique des effluents. "Nous savons que nous pouvons réduire de 30% l’impact des produits phytosanitaires, s’enthousiasme Jean-François Monod. Mais il faut financer les équipements. Quatre systèmes complets de traitement coûtent 40 000 €. Et il faut aussi analyser et faire de la pédagogie, inlassablement".  Cette animation est d’autant plus importante qu’elle est faite par les agriculteurs, "les plus légitimes pour faire passer les messages auprès de leurs pairs, ajoute Gilles Lorente. Cela permet aussi de les affiner, de les adapter aux pratiques de la profession".

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