Créer de la valeur économique en protégeant l'eau dans la filière viticole

Sur les champs captants d'eau potable, de nombreux agriculteurs ont adopté des pratiques visant entre autres à optimiser et réduire l'utilisation des produits phytosanitaires dans un but de reconquérir une qualité de l'eau, jusqu'alors dégradée. Souvent financées par des subventions publiques (FEADER, agence de l'eau), ces dynamiques promouvant le changement de pratiques prennent la forme de mesures agro-environnementales et climatiques par exemple. Elles permettent aujourd'hui d'amener des chefs d'exploitations vers des pratiques agricoles plus vertueuses d'un point de vue environnemental en rémunérant des agriculteurs pour le surcoût occasionné par rapport à une  agriculture plus conventionnelle.

Mais ces aides publiques gardent nécessairement un caractère transitoire, il est nécessaire de penser au delà même de ces subsides.           

Pour envisager une pérennité du changement de pratique, et donc celle de la préservation de la ressource en eau, il est important pour les agriculteurs d'intégrer des itinéraires culturaux innovants au cœur même de leurs stratégies d'entreprise. "Répondant avant tout à une logique économique, l'adhésion des viticulteurs et des caves coopératives de mon territoire à des pratiques environnementales à long terme repose sur l'existence d'une plus value économique et/ou sociale que seul le marché peut leur apporter. C'est le cas pour l'Agriculture Biologique, mais tout le monde ne veut pas basculer en bio ", confie une des participantes.

Cette journée du 30 juin, organisée par VERSeau Développement, a permis de comprendre comment on pouvait créer un gain économique au sein des entreprises sur la base de pratiques écologiques, au sein de la filière vitivinicole. C'est ainsi que la réunion a été ponctuée d'interventions d'experts de la certification environnementale avec une technicienne du label Terra Vitis, ou encore un technicien de la chambre d'agriculture chargé de la Haute valeur environnementale (HVE) dans l'Hérault. Tour à tour, ils ont mis en avant les atouts et limites de leurs démarches. Des certifications centrées sur la préservation l'environnement qui permettent de se différencier de plus en plus sur le marché du vin. "Les marchés internationaux, sous la pression sociétale, sont aujourd'hui demandeurs d'un vin avec des allégations responsables " témoigne Yann Chabin, intervenant et spécialiste de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) en filière vin. Les viticulteurs ont donc aujourd'hui aussi un intérêt économique et commercial à basculer vers des pratiques plus responsables, protégeant l'environnement, plus économes en intrants chimiques.

Intégrer des clauses culturales dans le cahier des charges de la production d'un vin peut lui permettre de s'ouvrir à de nouveaux marchés, de nouveaux consommateurs ..."on ne parle plus de cahier des charges, mais de cahier de chances", nous explique Yann CHABIN. Et si la protection de l'environnement  en amont de la filière pouvait représenter une opportunité de dégager une plus value économique en aval de la filière ?

Les animateurs de territoires en charge de la reconquête de la qualité de l'eau, qui rentrent en interaction avec des opérateurs économiques de la filière viticole, sont de véritables moteurs de dynamiques vertueuses. Ils ont pu comprendre que l'enjeu n'est plus d'impulser des pratiques mais bien de les faire adopter durablement sur un territoire en les intégrant dans un vrai projet de filière économique, afin de préserver durablement la ressource en eau.