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> mercredi 30 juillet 2014

Les effluents traités pour irriguer la vigne ?

En Languedoc-Roussillon, un projet teste actuellement l’irrigation de qualité de la vigne à partir d’effluents traités de station d’épuration. Une première.

Depuis 2000, l’unité Pech Rouge de l’Inra*, à Gruissan (Aude), constate sur ses vignes un bilan hydrique négatif alarmant. « Il s’évapore plus d’eau qu’il n’en tombe», traduit Hernàn Ojeda, directeur de l’unité. Conséquences : « la photosynthèse est mauvaise et la vigne produit des raisins moins mûrs et moins nombreux ». En 2011, les viticulteurs voisins de Gruissan, non raccordés au réseau d’eau agricole, se sont inquiétés de ce manque de pluie qui pénalise la qualité et la rentabilité de leur production. L’Inra est saisi. « Comme nous sommes proches de deux stations d’épuration du Grand Narbonne, nous avons pensé à utiliser leurs effluents traités pour éviter de prélever dans les nappes phréatiques », explique le chercheur Jean-Louis Escudier. Pour lancer ce qui deviendra le projet de recherche collaborative Irrialt’eau, l’Inra Pech Rouge s’est rapproché du laboratoire environnement de l’Inra à Narbonne, de Veolia eau, délégataire dans l’exploitation des stations, et d’Aquadoc. « En Israël, précise le directeur de cette PME spécialiste de l’irrigation agricole, Lionel Palancade, les eaux de stations sont recyclées à 80 %, mais en France, ce procédé est quasi inexistant ».

 

En juillet 2013, le préfet de l’Aude, sur conseil de l’agence régionale de santé, a donné son feu vert à une expérimentation de 3 ans, accompagnée par l’agence de l’eau. « Depuis, deux parcelles, avec deux cépages (viognier et carignan) sont alimentées au goutte-à-goutte par quatre types d’eau, explique Hernan Ojeda : une eau de ville, une eau de rivière et deux eaux provenant de la station d’épuration de Narbonne-plage, traitées par un prototype conçu par Veolia, l’une par filtration/UV/chloration, l’autre par filtration/chloration.» En septembre dernier ont eu lieu les premières vendanges des vignes ainsi irriguées. Les laboratoires de l’Inra et de la DGCCRF livreront en juin les premières analyses comparatives du vin, du moût et du sol. De leur côté, Veolia et Inra LBE de Narbonne ont assuré un suivi analytique de la qualité des eaux et les premiers résultats sont, selon eux, « très encourageants».

 

Si le dispositif fait ses preuves, les débouchés sont très prometteurs. Le directeur d’Aquadoc a ainsi entrepris de recenser dans la région «les communes qui manquent de ressource en eau et qui sont très fréquentées l’été, période de forte production d’effluents ». La même eau servira deux fois : pour l’eau potable et pour l’irrigation.. 

 

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