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SAM 0241
> lundi 07 juillet 2014

Un ruisseau à sauver d'urgence : le Nolange

Entre les vignobles de la Côte Chalonnaise et du Mâconnais, l'ancienne cité royale de Saint Gengoux (dite aujourd'hui "le National") a grandi depuis l'an 1000 au milieu des sources et au bord du ruisseau de Nolange. Aujourd'hui, sources et ruisseaux y ont été gravement dégradés, oubliés, puis l'eau a été privatisée récemment.

Après, déjà, plusieurs destructions en amont, le début des années 1980 a vu se commettre un saccage encore plus déplorable. A la sortie sud de la cité, le ruisseau qui mouillait auparavant le fossé des remparts a été totalement effacé sur 1 kilomètre, y compris sa ripisylve, et enterré dans une grosse buse.

 

Dans la même période, un premier remblais commercial était construit en bordure du ruisseau. Puis, quelques années plus tard, apparaissait un autre projet de remblais commercial, pour un supermarché et une station-service, exactement dans le lit mineur du ruisseau. Ce projet fut repoussé à la périphérie du bourg par une municipalité. Il réapparu au tournant des années 1990 et une association de protection du patrimoine réussit à sauver le site pour son intérêt paysager et historique, et à le faire classer comme ZPPAUP.

 

Le même projet commercial vient à nouveau d'être exhumé, comme si les raisons de sa première annulation n'existaient plus. Les promoteurs avaient simplement patienté.

 

Six années d'information, de contre-propositions, de tentatives de dialogue (toujours rejeté), de visites de terrain, de recherches historiques et juridiques, de tracts d'information, de lettres aux administrations et aux organismes de la protection des eaux et de l'environnement, etc. n'ont donné qu'un résultat, un résultat qui peut sembler tout petit : l'administration départementale a fini par reconnaître qu'il existe, en effet, un ruisseau à cet endroit.

 

Pourtant, c'est déjà quelque chose car le dossier de demande du permis de construire dissimule le ruisseau en "conduite d'eaux pluviales" et affirme : "le terrain n'est pas traversé par un ruisseau". Et ce dossier gravement erroné a été signé par la commune pour autoriser au plus vite le chantier.

 

Sans étude d'impact, sans consultation, sans écoute.

 

Ce dernier acte s'inscrit fidèlement dans l'histoire des soixante dernières années qui, de destruction en destruction, ont vu s'évanouir complètement la connaissance de l'eau ; et jusqu'à son souvenir. Dans la cité de Saint Gengoux, même l'histoire des crues centennales a été oubliée. Or, il y a eu au moins deux crues tout à fait remarquables là où certains voudraient planter supermarché et cuves d'hydrocarbures.

 

La destruction qui menace se traduirait par une énorme perte pour la cité et la région.

 

A l'inverse, sauver le ruisseau de Nolange (où vivaient des écrevisses il y a 60 ans) et le restaurer ne serait qu'une application de la DCE et de la LEMA ; aussi des programmes Natura 2000, Trame Verte et Bleue, etc., Cela serait, surtout, une chance pour la cité où, les retrouvailles avec le cours d'eau, pourraient stimuler la restauration plus que nécessaire de l’ensemble médiéval et de ses paysages. Une opération qui serait cohérente avec l'appartenance de Saint Gengoux le National au Pays d’Art et d’Histoire "Entre Cluny et Tournus" et ne manquerait pas de relancer le commerce local en pleine déprise.

 

Le devenir du ruisseau de Saint Gengoux le National est un test pour la politique de l'eau du Bassin Rhône-Méditerranée et l'ambition de "faire de la France un pays exemplaire en matière de reconquête de la biodiversité" (stratégie nationale de la biodiversité 2011-2020).

 

>> En savoir plus sur l'historique et la lutte en cours.

Le collectif de l'eau de Saint Gengoux

 

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