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> vendredi 20 juin 2014

L'expédition Tara Méditerranée montre l'importance de la gestion de l'eau pour la santé de l'Océan.

L’expédition Tara Méditerranée, lancée en mai dernier, sillonnera « Notre Mer » pendant sept mois pour un projet inédit d’étude multidisciplinaire sur l'impact des microplastiques sur la Méditerranée.

Des nuages à la mer, une seule eau

 

L'océan est le berceau de la vie sur Terre et couvre les trois quarts de notre planète bleue. Il est vital pour la santé de nos écosystèmes marins et terrestres, essentiel pour l'équilibre du climat et indispensable pour l'économie mondiale. Toutefois, malgré sa vaste étendue, le grand bleu n'est pas infini et ne pourra pas encaisser éternellement l'impact des activités humaines en mer, de la pression urbaine en zone côtière et surtout les dégâts causés par la pollution d'origine terrestre. Aujourd'hui nous savons qu’entre 80 et 90% des déchets en mer sont originaire de nos cours d'eau, bassins versants et réseaux d'eaux pluviales et que cette « pression anthropique » a des nombreux effets nocifs sur la biodiversité marine.  Face à cette réalité, force est de constater que la gestion de l'eau est un facteur majeur qui pèse directement sur les enjeux écologiques en mer, même si très rarement ces enjeux sont traités ensemble. Comme le rappelle souvent Jean Michel Cousteau « l'eau est une seule, des nuages à la mer ». La nature nous apprend par son grand cycle de l'eau que cette eau douce des rivières deviendra l'eau salée de la mer et retournera à la terre par le régime de pluies, et que les impacts et pollutions qui pèsent sur l'eau douce se retrouveront plus tard sur la mer.  Mais est-ce que nous connaissons ces impacts ? Comment réagit l'océan et sa biodiversité face à cette pollution de plus en plus complexe ? Quels sont les impacts des tonnes de plastiques et microplastiques versés en mer chaque jour ?

 

Un besoin urgent de données et de connaissances

 

Pour essayer de répondre à ces questions, la goélette Tara - après avoir passé deux ans à dériver dans la glace de l'Arctique et trois ans et demi autour du globe pour une recherche sur le plancton –  s’intéresse maintenant à la pollution d'origine terrestre, notamment la pollution par les microplastiques. L’expédition Tara Méditerranée, lancée en mai dernier, sillonnera « Notre Mer » pendant sept mois pour un projet inédit d’étude multidisciplinaire sur l'impact des microplastiques sur la Méditerranée. Cette expédition approfondit les études déjà réalisées par Tara et intègre des nouveaux protocoles qui nous permettront de mieux comprendre les phénomènes liés à cette « plastisphere ». La Méditerranée - une mer semi fermée qui concentre 8% de la biodiversité marine planétaire - subit un impact croissant de 450 millions de personnes vivant en zone côtière et concentre 30% du trafic maritime mondiale. Les enjeux environnementaux présents dans toutes les mers de la planète sont ici concentrés sur une surface que représente seulement 0,3% du volume d'eau de l'océan. Le défi d'une bonne gestion de la Méditerranée est donc important et symbolique si nous voulons avancer vers une « société bleue » qui aura compris l'importance d'une gestion durable de l’Océan.

 

 

Un focus sur les solutions et les innovations

 

Quelles sont donc les solutions pour une Méditerranée en bonne santé ?  La croissance démographique et l'urbanisation accélérées des deux rives imposent en premier lieu de s’attaquer aux besoins d’équipements en gestion de l’eau et gestion des pollutions complexes. En Europe, malgré les avancées il y a encore du travail en retard en plusieurs pays importants comme l'Italie, la Grèce, l'Albanie ou la Croatie mais aussi et surtout dans  la rive sud où sont les métropoles le plus peuplés comme Le Caire ou Alger. La mise en place de régions de protection et d'outils de surveillance de certaines espèces en danger sont aussi des facteurs essentiels, comme montrent les résultats positifs sur la biodiversité après l'installation de certaines Aires Marines Protégées. Enfin un travail de prévention, réduction et recyclage des déchets est essentiel si nous voulons réussir la transition vers une économie circulaire qui permettra de réduire durablement notre empreinte sur l'Océan. Au cours de son périple, Tara s'associe avec des acteurs locaux pour valoriser les solutions locales et mettre en valeurs les expériences positives qui changent concrètement la réalité des habitants. Dans un monde en pleine mutation et face à des nombreuses incertitudes qui pèsent sur la planète, il est important de garder l'espoir et de se mettre ensemble pour prouver que les solutions existent et qu'il suffit d'avoir la volonté de les appliquer.

 

André Abreu, responsable de la politique internationale.

 

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