
Dans la Loire, utiliser plus intelligemment chaque goutte d’eau
Stopper définitivement la reconstruction du barrage des Plats, sur la Semène sauvage !
Il n’y a plus de doute possible : nous sommes entrés dans une ère de dérèglements climatiques. Elle oblige à repenser, entre autres mutations, la gestion de l’eau. Les inondations récentes dans le Var, en Bretagne, en Angleterre illustrent cette tendance repérée par les climatologues à l’accroissement inquiétant de l’amplitude des épisodes pluvieux. Certes, beaucoup de dommages sont liés à une artificialisation démesurée des
bassins versants pendant un demi-siècle, mais le dérèglement climatique rajoute à la menace.
« Trop » d’eau, ou « pas assez ». Les modèles développés par les chercheurs prévoient également plus de pénuries, avec le renforcement des sécheresses, et donc des étiages pour les fleuves. Diverses études scientifiques sortent, les unes après les autres, qui alertent l’opinion sur les risques à venir. Elles pressent nos sociétés industrielles à s’adapter à une « rareté de l’eau » qui se dessine. Celles-ci ont cru longtemps que l’eau était une ressource illimitée, qu’il suffisait de capter pour « faire du développement ». C’est faux. Un chercheur américain, Peter Gleick, (directeur du Pacific Institute en Californie) a publié, il y a 4 ans, une étude « The World’s Water » qui nous alerte sur la vulnérabilité grandissante de certaines régions du globe face à ce qu’il appelle des « pics de l’Eau », similaires au « pic de pétrole ».
Restaurer les écosystèmes pour préserver l’eau douce.
Allons-nous donc manquer d’eau ? Il est utile de rappeler que la quantité d’eau totale est rare à l’échelle de la planète : « une goutte d’eau sur une orange ». L’eau douce l’est encore plus, 97 % de l’eau étant contenue dans les Océans. Sur les 3 % qui restent, la plus grande partie est dans les glaces, les grands lacs américains et africains, le lac Baïkal. Peu d’eau douce, en fait, facilement accessible pour l’humanité.
Dans le passé, on croyait qu’il suffisait de construire un nouveau barrage, de creuser un nouveau forage ou de construire un nouvel aqueduc pour amener plus d’eau aux populations. Ce système ne fonctionne plus. Nous devons maintenant utiliser l’eau plus intelligemment. Il n’y a pas de réponse unique, mais une palette de solutions : il faut utiliser les meilleures techniques disponibles, faire des économies, améliorer la gouvernance et le partage de l’eau, adapter la tarification (…) Le temps presse. Plus nous tarderons à repenser notre gestion, plus les souffrances seront grandes pour nos sociétés », écrit Peter Gleick.
Utiliser plus intelligemment chaque goutte d’eau, c’est diminuer la pression sur la ressource et donc épargner les écosystèmes. 50 % de l’eau douce disponible est déjà utilisée par l’Humanité, au prix de dommages préoccupants. Certains fleuves, outrancièrement exploités comme le Colorado, n’atteignent plus la mer à certaines périodes. Or, rappelle Peter Gleick, « non seulement nous détruisons la biodiversité, mais nous compromettons la capacité des écosystèmes à rendre des services écologiques indispensables : fourniture d’eau douce, filtration des pollutions, fourniture d’alimentation par la pêche ».
Dans le département de la Loire, sortir de « l’illusion réservoir »
Epargner, restaurer les écosystèmes, c’est donc garantir notre approvisionnement futur. Cette conscience émerge lentement, sous la pression de la connaissance, des faits, du droit, avec le rôle pionnier de la Directive Cadre sur l’Eau de l’Union Européenne (2000), ou, sur le bassin de la Loire, du formidable « Plan Loire Grandeur Nature (1994). Le problème, dans le département de la Loire, c’est que la DCE, Peter Gleick, le Plan Loire, la conscience des mutations que vont nous imposer les changements climatiques éclairent encore mal la décision publique. L’Etat local et trop d’élus regardent ailleurs. La culture, étroite, de certains gestionnaires de l’eau s’est arrêtée quelque part dans les années 50, durant ces « Trente Glorieuses » qui ont généré l’illusion d’aménagements hydrauliques sans limites et permis la construction des grands réservoirs des Plats, de Grangent ou de Villerest. Il serait impossible de les édifier de la même manière aujourd’hui, tant les impacts sur « l’écosystème Loire » sont importants. Or, sur la commune de St Genest Malifaux, on a recommencé à noyer dans le ciment la « Semène sauvage », exactement comme on l’avait fait en 1950. Un bon signal pour les usagers, les citoyens, les consommateurs ?
Rappelons que, parmi les alternatives à la reconstruction du barrage des Plats, le Collectif Loire Amont Vivante propose la mise en place de mesures d’économie d’eau à l’échelle de toute la Loire amont. Pour le Collectif Loire Amont Vivante, pionnier, chaque goutte d’eau compte. Le TA de Lyon a annulé le 14 novembre 2013 l’arrêté de reconstruction de l’ouvrage. Le répit doit permettre au Ministère de l’Ecologie et
à la Dreal de Bassin d’organiser une table ronde pour élaborer, ensemble, dans cette période de dérèglements climatiques, la nouvelle gestion de l’eau du XXIe siècle.
Contacts :
Antoine Lardon: Fédération de Pêche de Haute-Loire Tél. 06 07 16 42 79 antoine.lardon@wanadoo.fr
Solange Ménigot: CDAFAL Tél. 04 77 33 98 08 cdafal42@free.fr
Jean Luc Cometti: CPSFV : 04 77 74 41 66 presidence@cpfsv.org
Martin Arnould: WWF France Chargé de programme « rivières vivantes » Tél. 06 15 41 68 62 marnould@wwf.fr
Roberto Epple: ERN-SOS Loire Vivante Tél. 04 71 05 57 88 roberto.epple@rivernet.org
Frapna Loire Tél. 04 77 41 46 60
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