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AFP Anne-Christine Poujoulat
> vendredi 24 janvier 2014

Inondations du Var : les causes d’un scénario à répétition, des solutions dans la loi

Un article publié le 21 janvier sur le site de France 3 Côte d’Azur (AFP) rappelle qu’un rapport sénatorial de septembre 2012 s'était penché sur les deux derniers importants épisodes de crues dans le département (juin 2010 et novembre 2011), reconnaissant que l'homme était également responsable des conséquences de ces phénomènes.

"À strictement parler, les inondations et leurs conséquences ne sont pas des catastrophes naturelles. En effet, si le fait déclencheur est bien un phénomène météorologique, parfois hors norme [...], il s'applique à un territoire de longue date remodelé par l'homme ce qui en diminue ou en aggrave les conséquences", expliquaient les sénateurs dans leur rapport. "La catastrophe résulte d'un enchevêtrement de causes naturelles et humaines aboutissant à une situation de crise, à laquelle la société humaine se sera localement plus ou moins bien préparée", écrivaient-ils encore.

 

Les parlementaires pointent en particulier du doigt l'urbanisation extrêmement rapide ces dernières décennies, qui a en partie ignoré la nature. Lors de ces aménagements, certains cours d'eau ont été entièrement canalisés et les zones d'expansion supprimées. Des fossés creusés par le ruissellement des eaux, secs la plupart du temps, mais torrentiels en cas de crues, ont été ignorés, explique le rapport. Les ponts, parfois sous-dimensionnés, et les gués construits par l'homme constituent en cas de crue autant d'obstacles qui permettent la création d'embâcles, ces bouchons de gravats et de branches qui se forment, puis cèdent, provoquant des vagues destructrices …

 

    >> Lire l’article complet sur le site de France 3 Côte d'Azur

 

Un constat partagé et relayé par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse

 

Le rapport sur la qualité des cours d’eau présenté en mars 2013 par l’agence de l’eau établit que 60% des rivières du bassin Rhône-Méditerranée sont déformées. Seuils, barrages, digues, modifications de tracé, etc., ces altérations, concentrées dans les zones très peuplées telles l’agglomération lyonnaise et le pourtour méditerranéen, ont des effets dévastateurs sur l’équilibre des cours d’eau, rendant les rivières plus fragiles et compromettant la vie aquatique en supprimant par exemple les aires de reproduction des poissons. Elles empêchent également  l’expansion des crues.

 

Le rapport attire ainsi l’attention sur le fait que restaurer une rivière ou la garder dans son état naturel offre une réelle plus-value économique et écologique. Par exemple, en Ardèche, une étude économique montre que le montant consacré à la protection des terres agricoles contre les inondations par la construction et l’entretien de digues est 18 fois plus élevé que le coût des dommages subis en l’absence de protection.

 

Il est donc urgent de rendre aux rivières leur espace naturel avant qu’il ne soit. Nos fleuves côtiers ont été « rectifiés », comme disait le génie rural de jadis, c’est-à-dire qu’ils ont été raccourcis en ligne droite et resserrés entre des digues très étroites. Les crues finissent toujours par arriver et rappellent à l’homme qu’elles ont une énergie à tout casser : le lit de la rivière s’effondre et les ponts avec, et les digues cèdent.

 

    >> lire le rapport Etat des eaux des bassins Rhône-Méditerranée et Corse

 

 

Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations : des solutions sont maintenant dans la loi

 

La prévention, c’est d’abord de structurer le territoire avec une structure de gestion regroupant les collectivités riveraines. Jusqu’à très récemment, le Gapeau était un des tout derniers orphelins de la carte ; il vient de s’engager dans la préparation d’un « schéma d’aménagement et de gestion des eaux » (SAGE).

 

La prévention, c’est aussi de gérer ensemble la prévention des inondations et les milieux aquatiques. C’est précisément le sens de la loi dite « métropoles », votée récemment et qui contient quatre articles fondamentaux pour la gestion de l’eau, créant une compétence de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (Gemapi) confiée à l’intercommunalité... Ironie de l’histoire : c’est à deux sénateurs du Var que nous la devons, Pierre-Yves Collombat (PS) et Louis Nègre (UMP) !

 

    >> lire l’article Et la loi créa la compétence de gestion des rivières

 

Crédit photo : Anne-Christine Poujoulat / AFP

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