
Distribution en urgence, Céline nous raconte
La responsable du programme distribution, Céline Morin, nous explique comment s’organisent les distributions de kits pour 6 000 familles rescapées bénéficiaires du projet de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Chacune de ces familles va recevoir un kit hygiène, notamment constitué de dentifrice et de lessive, un kit abri avec bâche et cordes et un kit eau qui inclut un jerrycan, du chlore et deux tasses.
18 000 kits de survie pour les rescapés de l'île de Leyte
Derrière le micro de la station Radiyo NG Bayan 104.3 FM, une jeune femme brune passe en revue, tout sourire, les profils qu’elle recherche : « motivés, dynamiques, organisés, volontaires… ». En tout, c’est d’une quinzaine d’hommes et de femmes dont elle a besoin pour l’aider dans sa mission.
Céline est arrivée à Tacloban le jeudi 21 novembre, soit moins de deux semaines après le passage du typhon. Après des études de droit et un Master 2 en Gestion des structures sociale et des ONG au Mans, Céline a suivi une formation de coordination de projet à BioForce à Lyon pour ensuite partir en mission humanitaire en Haïti, en Côte d’Ivoire, au Congo et au Soudan du Sud. Elle fait aujourd’hui partie de l’équipe d’urgence aux Philippines. C’est elle qui va piloter la distribution des kits aux 35 000 habitants de La Paz, une zone rurale isolée dans les terres, à deux heures de route au sud de la ville de Tacloban.
Céline nous explique : « Il y a trois types de kits correspondant aux besoins essentiels des rescapés auxquels ces distributions visent à répondre. Les kits hygiène contiennent un seau avec couvercle pour stocker l’eau potable, une bassine, des pains de savon, des tubes de dentifrice, de la lessive, des serviettes hygiéniques… Dans les kits eau, on trouve un jerrycan pour transporter l’eau potable, du chlore pour purifier l’eau - sous forme de solution concentrée ou de pastilles - ainsi que deux tasses. Les kits abris sont constitués d’une bâche et de cordes ».
Sept jours pour organiser la distribution
Le transport des kits jusqu’à Tacloban et leur reconditionnement laissent à Céline une semaine pour préparer la distribution.
Tout d’abord, il s’agit d’identifier les bénéficiaires : « En urgence, on ne peut pas se permettre de faire la sélection des bénéficiaires selon des critères de vulnérabilité. Il s’agit d’abord de recenser toutes les familles de la zone pour la couvrir en totalité. Un travail que nous menons avec les municipalités qui sont très bien organisées ici. Nous leur fournissons un format type de liste à remplir, qu’elles transmettent aux représentants de chaque quartier, appelés ici capitaines de Barangay. Ce sont eux qui établissent la liste des familles et leur remettent un bon à échanger contre les kits lors de la distribution. »
En attendant, il s’agit pour Céline de localiser des lieux de la distribution, « accessibles pour la population, sécurisés et adaptés pour recevoir des camions ».
Reste ensuite à la jeune femme de recruter son équipe : deux chefs d’équipe communicants et bien organisés pour chapoter la distribution et quatre chargés de distribution à la tête d’une petite équipe de quatre autres personnes chacun afin de « gérer la sécurité du site, la vérification à l’entrée, le comptage, le déchargement, la gestion des fils, etc. ».
Autant de gens qu’elle devra former au schéma de distribution et à tous les secrets d’une distribution réussie : « Toujours prioriser les femmes avec enfants, les personnes âgées ou présentant un hancap, faire attention au temps d’attente… ». Ce sont des astuces qui s’appliquent à tous les contextes, aussi variés soient-ils.
Un poste terrain avec une grande dimension humaine
Céline le confirme: « Aucune distribution ne se ressemble, parce que chaque contexte est différent. Responsable de programme distribution est un vrai poste terrain, qui permet d’avoir beaucoup de contact humain que ce soit avec les autorités, les équipes, les bénéficiaires ou les partenaires locaux. Il faut aimer manager une équipe, être inventif et flexible pour être efficace. Liées à tous les autres programmes (eau, sécurité alimentaire,..), les distributions sont aussi le moment idéal pour faire de la sensibilisation. »
Une occasion pour sensibiliser les populations
Le jour J approche, la pression monte. Céline et Thomas, le logisticien de l’équipe, jettent un dernier coup d’œil sur le planning. La semaine s’annonce bien chargée. « Nous ferons deux distributions par jour pour 1 000 personnes pendant une semaine. Et nous en profiterons à chaque fois pour organiser des séances de promotion de l’hygiène à l’entrée et des démonstrations de potabilisation de l’eau à la sortie. »
Une phase complémentaire dans des contextes d’urgence, où les conditions de vie précaires sont propices à la propagation des maladies. Si l’aspect matériel est évidemment primordial pour couvrir les besoins vitaux des rescapés, il est nécessaire d’accompagner la phase de distribution avec une approche plus humaine.
Crédit photo© Renaud Douci pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
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