
Renaturation des cours d’eau et des rives du lac : exemples positifs sur le bassin lémanique
La Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL) s’est réunie ce jour pour sa 52ème session plénière.
A cette occasion, les représentants des instances françaises et suisses, qui collaborent depuis 1963 pour préserver et restaurer la qualité des eaux du bassin lémanique, ont mesuré l’efficacité de la renaturation des rivières et des rives du lac inscrite au programme d’actions 2011-2020 « Préserver le Léman, ses rives et ses rivières aujourd’hui et demain ». Les participants ont également découvert le nouveau tableau de bord 2013, véritable outil de diagnostic et de suivi des milieux aquatiques lémaniques.
Afin de restaurer un régime hydrologique et une dynamique alluviale proches de l'état naturel, et de favoriser une bonne diversité et qualité des milieux aquatiques et riverains, les approches réglementaires française et suisse sont différentes mais convergent vers le même objectif :
- Ainsi, côté français, un nouveau classement des cours d’eau est en vigueur depuis le 18 juillet 2013. Sur les cours d’eau classé en liste 1 (745 km de cours d’eau dans la partie française du bassin lémanique), aucune autorisation ou concession ne peut être accordée pour la construction de nouveaux ouvrages s'ils constituent un obstacle à la continuité écologique. Le renouvellement de l'autorisation des ouvrages existants est subordonné à des prescriptions particulières. Sur les cours d’eau classés en liste 2 (198 km de cours d’eau dans la partie française du bassin lémanique), tout ouvrage faisant obstacle doit être géré, entretenu et équipé pour assurer la restauration de la continuité écologique (transport des sédiments et circulation des poissons) avant juillet 2018.
- Côté suisse, la loi fédérale sur la protection des eaux charge les cantons de renaturer leurs cours d’eau et les rives des lacs en l’espace de trois générations. D’ici fin 2014, les cantons devront avoir terminé leur planification et désigné tronçons de cours d’eau à renaturer de manière prioritaire, notamment ceux traversant des zones naturelles protégées et ceux où le rapport efficacité/coûts des mesures est le plus satisfaisant. Dans ce concept global, un calendrier pour la réalisation des projets de revitalisation doit également être établi.. Une planification similaire doit être établie par les cantons pour la renaturation des rives des lacs pour la fin 2018. Les cantons sont aussi en train de réaliser des planifications afin d’assainir les impacts négatifs de la production hydroélectrique (atténuation de l’amplitude des éclusées, rétablissement de la migration des poissons et du régime de charriage).
Ces approches ont été illustrées lors de la session plénière par des exemples de restaurations réussies dans le bassin lémanique :
- L'Hermance, longue de 14 kilomètres, est une rivière franco-suisse, prenant sa source au pied des Voirons, et terminant sa course dans le Léman, en aval des communes d'Hermance (rive gauche suisse) et de Chens-sur-Léman (rive droite française). Dans le cadre du Contrat de rivières du Sud-Ouest Lémanique et grâce à une collaboration transfrontalière exemplaire, une opération de renaturation de l'Hermance a été menée pour garantir la sécurité des personnes et des biens contre les crues, améliorer la protection des berges contre les phénomènes d'érosion et restaurer un delta naturel du cours d'eau : berge réalisée en génie biologique, démolition d’un mur, élargissement du lit majeur et de l'embouchure, reconstitution de biotopes favorables à de nombreuses espèces aquatiques et terrestres, relogement des bateaux amarrés le long du cours d'eau.
- La Versoix et les milieux qui la bordent constituent, sur un parcours de 22 km, une des plus importantes liaisons biologiques entre le Jura et le Léman. Bien que cette rivière ait conservé un cours en grande partie naturel, certains de ses tronçons ont été passablement remodelés par l'homme au cours des siècles. Ultime étape d'un processus lancé il y a une douzaine d'années, les travaux effectués au niveau de l'embouchure du cours d'eau ont permis la reconstitution d'un delta naturel et garantissent une meilleure migration des poissons. Ils améliorent par ailleurs les conditions de baignade pour le grand public, tout en valorisant le patrimoine bâti alentour (mur historique Bartholoni datant de la fin du 19ème siècle).
- Le Creuson est un cours d’eau valdo-genevois qui prend sa source sur la commune de Commugny. Il parcourt un tracé d’environ 5 km pour se jeter dans la Versoix sur le Canton de Genève. Ce cours d’eau a été canalisé en 1961 dans le cadre de la construction de l’autoroute Genève-Lausanne. Le canton de Vaud a engagé les travaux de renaturation du Creuson en deux étapes, soit entre 2010 et 2012. Les objectifs de cette renaturation consistaient à redonner de l’espace au cours d’eau tout en diversifiant les écoulements et à recréer des milieux favorables à la faune et à la flore locale en portant une attention toute particulière à l’Agrion de mercure (une libellule) mais aussi aux amphibiens. Un programme de suivi environnemental a été mis en place pour une durée d’en tous cas six ans. Ces travaux de renaturation ont permis de prolonger les efforts déjà acquis sur le territoire genevois en 2003-2004.
Les participants ont salué ces actions exemplaires et ont appelé tous les partenaires à poursuivre leurs efforts en matière de renaturation des cours d'eau, selon les objectifs du plan d’actions 2011/2020.
Un tableau de bord permet de suivre de manière visuelle et synthétique la réalisation du plan d’action 2011-2020 en faveur du Léman, du Rhône et de leurs affluents. Il regroupe, sous forme de fiches, 53 indicateurs sur les usages du lac (pêche, eau potable, baignade), l’état du Léman et des cours d’eau et les actions à mener pour atteindre les objectifs fixés par la CIPEL.
Contact :
Magali Condamines, Ingénieure à la CIPEL
Courriel : cipel@cipel.org
Tél. : +41 22 363 46 69
Communiqué de presse, tout droit réservé

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