
« L’eau, un sujet de coopération, pas de conflit ! »
En début d’année, l’Établissement public territorial de bassin Isère a officiellement vu le jour après des années de travail, de concertation et d’écoute. Destiné à structurer la gestion des eaux à l’échelle du bassin versant, ce nouvel outil de gouvernance marque une étape majeure dans l’organisation de la prévention des risques et de l’adaptation au changement climatique. Rencontre avec Annick Cressens, sa présidente.
Qu’est-ce qui a motivé la création de l’Établissement Public Territorial de Bassin (EPTB) Isère ?
Annick Cressens : C’est l’aboutissement d’une longue démarche de concertation auprès des syndicats de rivière, des départements, des intercommunalités exerçant des compétences du grand cycle de l’eau. Le bassin versant de l’Isère qui traverse quatre départements alpins et couvre plus de 12 000 km2 nécessitait une vision intégrée, dépassant les frontières administratives. Le changement climatique, qui exacerbe les épisodes de crues et de sécheresse sur certaines sources, a accéléré la nécessité d’un pilotage coordonné à l’échelle du bassin. Il fallait un chef d’orchestre capable de fédérer ces différents acteurs. Ce travail de convergence a abouti en 2017 à la création de l'Association du Bassin Versant de l'Isère (ABVI), préfigurant celle de l’EPTB Isère, reconnu par l’État depuis le 1er janvier dernier.
Quels vont être les bénéfices pour les territoires concernés ?
A.C. : Les élus et les techniciens du bassin vont enfin pouvoir discuter entre eux au sein de notre structure au service de ses 15 membres*. Plutôt que de travailler isolément, ils accéderont à des diagnostics partagés, des financements mutualisés et à une capacité d’ingénierie à l’échelle du bassin. Nous voulons que les acteurs se parlent naturellement, simplement. Et que l’eau soit un sujet de coopération.
Sur quels sujets se concentre dès à présent l’EPTB ?
A.C. : Son rôle est de coordonner, de mener des réflexions collectives et de réaliser des études sur l'évolution de l'hydrologie et la façon dont elle est impactée par le changement climatique et les différents usages. L’EPTB veillera à la cohérence des actions, destinées en priorité à faciliter une gestion cohérente incluant la prévention des inondations, la gestion de la ressource, le transport sédimentaire, ainsi que la restauration des écosystèmes aquatiques et des zones humides. Pour ce faire, nous avons créé un comité de concertation, regroupant les collectivités, les entreprises, l’agence de l’eau, les concessionnaires hydroélectriques, les associations et les usagers afin de débattre sur ces sujets et de partager de grandes orientations.
Quelles sont vos autres priorités ?
A.C. : Parmi nos projets figure également la poursuite de l’Étude sur la gestion structurelle de la ressource en eau à l’échelle du bassin versant de l’Isère dans le cadre de notre mission d’animation et de concertation relative à la gestion de la ressource. Nous anticipons aussi des renouvellements des concessions hydroélectriques ce qui constitue une étape décisive pour l’avenir du bassin, car le bon état des milieux aquatiques de l’Isère et ses affluents dépendent fortement des modalités de gestion des barrages. Au sein de l’Association nationale des élus des bassins, à laquelle nous avons adhérée, nous comptons donner notre avis sur ce sujet comme sur d’autres en fonction des sollicitations de l’État.
*Retrouvez-les sur le site : eptb-isere.fr
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