
Exploration : les eaux corses, refuges des anges de mer et des picarels
Inoffensif pour l’homme, le requin Ange de mer commun est aujourd’hui introuvable dans les eaux de la Côte d'Azur, autrefois sa zone de prédilection. La Corse semble être devenue son dernier refuge en Méditerranée française, selon les observations de la mission Ange. Sa présence serait liée à l’implantation des zones de frayères du picarel.
Classés dans la liste des 100 espèces les plus menacées au monde par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), de rares requins Squatina squatina, appelés aussi Anges de mer, ont trouvé refuge au large des côtes orientales de la Corse. Une présence détectée par des pêcheurs locaux puis confirmée par l’équipe de biologistes de Marbec et d’Andromède Océanologie, qui a lancé au printemps 2021, avec le Parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate et l’association Bastia Offshore Fishing, une mission scientifique de trois ans, baptisée Ange, dans le but de mieux connaître ce nouvel habitat résiduel et ses menaces, ainsi que la biologie et la reproduction de ce prédateur de fond.
"Victimes des pêcheurs et de leurs filets à grandes mailles, ces squales sont devenus rarissimes dans les eaux de la Méditerranée, explique Julie Deter, cheffe de projet R&D chez Andromède Océanologie et enseignante-chercheuse à l’Université de Montpellier. Leur présence le long des côtes corses pourrait s’expliquer par le faible niveau de pêche et la présence de grandes zones de frayères des picarels, espèces très appréciées des grands prédateurs, que nous avons découverts l’année dernière. Inaperçus jusqu’ici dans les eaux corses, ces poissons installent leurs nids et les surveillent sur des centaines d’hectares de fonds meubles, à la limite inférieure des herbiers de Posidonie et jusqu’à 60 mètres de profondeur".
Le rôle écologique de ces frayères suscite de nombreuses interrogations chez les biologistes et les a donc incités à élargir le projet Ange aux jarrets, autre nom donné aux picarels (Spicara smaris). Durant deux ans, des plongées et des vidéos fixes exploreront ces zones de frayères afin de comprendre leur fonctionnement, leurs rôles écologiques et leurs caractéristiques. Le lien entre l’état de santé des herbiers de Posidonie et la nidification des picarels sera aussi passé au crible. Réponses attendues en 2023.
Le saviez-vous ?
Le requin Ange de mer commun a donné, au XVIIIe siècle, son nom à la Baie des anges près de Nice tellement sa présence y était commune.
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