Du vert et du bleu dans le gris, grâce à la rénovation urbaine

Le défi est immense. En lieu et place d’un espace urbanisé, un jardin verdoyant de 4 hectares va agrémenter, dès la fin des travaux prévus pour 2024, les pieds des tours de la cité Bellevue-Felix Pyat, l’une des plus précaires de France, située dans les quartiers centraux de Marseille. Les habitants bénéficieront de jardins partagés, d'une plaine avec jeux en libre accès pour les plus jeunes, d'une aire ludique pour les ados avec mur d’escalade, équipements de fitness et de skate. Près de 2 000 arbres, arbustes et plantes vivaces méditerranéens prendront racine dans cet environnement traversé par le cours d’eau des Aygalades. Longtemps resté enfoui sous des dalles en béton, ce cours d’eau retrouvera l’air libre sur près de 200 mètres et créera une vallée en forme de jardin concave, après sa renaturation. Porté par l’Etablissement public d’aménagement Euroméditerranée, l’ensemble constituera un poumon vert baptisé "parc Bougainville", inscrit dans un vaste projet de rénovation urbaine du littoral portuaire de la ville. "L’intégration de la nature n’est plus une option dans les programmes d’aménagement, indique Anita Leroux, directrice de projets chez Euroméditerranée. La présence du végétal, conjuguée à celle de l’eau, permettra une gestion des eaux pluviales plus naturelle et une préservation de la faune en milieu urbain".

Car le parc Bougainville ne sera pas uniquement ornemental. En cas d'orages torrentiels, fréquents dans les régions méditerranéennes, le nouveau lit du cours d’eau facilitera la rétention naturelle de quelque 150 000 m³ d'eau pour réduire les risques d'inondations en aval et le lessivage des sols pollués. L'aménagement en jardin humide permettra aussi de réintroduire en ville une biodiversité disparue. 

Annonciateur d'un projet encore plus vaste, le parc Bougainville est le premier tronçon d’une future coulée verte de 14 hectares nommée parc des Aygalades. Annoncée pour 2027, la réalisation de cette seconde tranche devrait permettre de restaurer, à terme, 1 kilomètre de cours d’eau et de créer 20 hectares de surfaces désimperméabilisées.