
La Corse dévoile sa biodiversité et ses paysages sous-marins
Une campagne scientifique de deux mois a démarré le 4 juin, réalisée par Andromède Océanologie avec le soutien de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et du Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate
Depuis le 4 Juin 2020, l’équipe d’Andromède Océanologie sillonne les eaux marines de Corse à bord de son catamaran « Zembra » pour une campagne scientifique axée sur deux écosystèmes essentiels en Méditerranée : les récifs coralligènes1 et les herbiers de posidonie2.
Durant deux mois, une dizaine de plongeurs vont réaliser de nombreux protocoles sur ces écosystèmes sensibles :
- cartographie à micro-échelle des herbiers de posidonie et à plus grande échelle des fonds sous-marins,
- relevé et pose de capteurs de température pour l’étude du réchauffement climatique,
- modélisation en trois dimensions des paysages sous-marins pour l’étude de leur biodiversité et leur structure,
- inventaire des espèces par leur traces ADN et les sons qu’ils émettent,
- relevés de paramètres indicateurs de l’état de santé,
- images d’espèces et de paysages d’illustration.
Les résultats serviront à évaluer la qualité écologique des eaux côtières et à améliorer leur gestion. Par ailleurs, le Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate sera pionnier dans la mise en place et l’utilisation d’un outil numérique innovant de gestion de son espace marin basé sur l’application mobile DONIA.
Etude de la biodiversité marine du littoral méditerranéen à partir d’ADN environnemental en Corse
Suite à l'arrêt des activités humaines pendant la période de confinement, une étude sur la biodiversité marine du littoral méditerranéen a été lancée en Avril 2020 sur le continent au moment où les activités humaines étaient au plus bas.
Depuis quelques jours, la première partie de la mission Corse est dédiée à la finalisation des prélèvements d’ADN environnemental dans cette région. Les traces ADN laissées dans l’eau par la faune sous-marine sont détectées pour recenser les espèces présentes. Ce projet permet de mesurer l’impact des activités humaines sur la fréquentation des côtes en inventoriant les poissons et les mammifères marins et de disposer de niveaux de référence pour des paramètres biologiques suivis régulièrement. Des sites fortement anthropisés, des aires marines protégées (AMPs) et des sites profonds (50-100 m) sont échantillonnés.
En parallèle, il est réalisé une série de 10 blogs vidéo (3 et/ou 4 minutes), portant sur les activités scientifiques de l’expédition. Ces vidéos viendront nourrir les réseaux sociaux ainsi qu’un documentaire (26 minutes). Cette étude est menée en collaboration avec le laboratoire Spygen, la société Chorus, l’UMR MARBEC et l’Université de Montpellier, avec le soutien de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, la fondation Albert 2 de Monaco et la société d’horlogerie suisse Blancpain.
Surveillance biologique des récifs coralligènes et des herbiers de posidonie
Durant trois semaines, l’équipe d’Andromède Océanologie mène sa 4ème campagne trisannuelle de surveillance biologique des écosystèmes marins. L’état de santé d’une soixantaine de sites sous-marins sont évalués à partir d’indicateurs (diversité des espèces, vitalité des herbiers, microcartographie des sites etc.). En parallèle, des acquisitions photogrammétriques sont effectuées afin de modéliser en trois dimensions (3D) ces sites pour l’étude de leur biodiversité et de leur structure. Des inventaires des poissons et des mammifères marins (par leur traces ADN et les sons qu’ils émettent) viennent compléter ces données sur une vingtaine de sites. Tous les sites sont équipés d’un capteur de température pour l’étude du réchauffement climatique. Tous les résultats de cette campagne scientifique de surveillance biologique seront disponibles sur la plateforme Medtrix.Cette mission est réalisée dans le cadre de réseaux de surveillance pérennes3 mis en place en 2011 en Corse par Andromède Océanologie en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée et Corse.
Cartographie des habitats du cantonnement de pêche de Saint-Florent et test d’un outil innovant de gestion de l’espace marin par le Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate
La mission de surveillance biologique se terminera dans le Parc Naturel Marin
du Cap Corse et de l’Agriate (PNMCCA) à la fin du mois de Juin et l’expédition se
concentrera alors sur le diagnostic écologique du cantonnement de pêche de Saint-
Florent situé dans le PNMCCA.
Une actualisation de la cartographie des fonds et habitats marins sera effectuée
à partir de données acquises au sonar latéral et de relevés en plongée. L’état de
conservation des espèces et habitats présents sur cette zone exempte de toute
activité de prélèvement sera évalué.
En tant qu’ambassadeur de l’application communautaire de navigation et
d’aide à l’ancrage écoresponsable DONIA, le PNMCCA disposera de ces données
dans le nouveau module gestionnaire de l’application. Grâce à des données en
temps réel de positionnement d’ancrage des bateaux, ce module gestionnaire est
un outil innovant pour la gestion de l’espace marin et la planification des usages.
Etude des récifs coralligènes profonds du Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate
Au mois de Juillet, une étude en plongée des récifs coralligènes profonds
(entre 60 et 120 m de profondeur) sera menée sur une quinzaine de sites présents
dans le périmètre du Parc afin d’enrichir les connaissances sur ces habitats méconnus
et faire connaitre leurs atouts et fragilité à partir d’illustrations. Un inventaire du stock
de corail rouge sera également mené.
Corail rouge en Corse, Corallium rubrum, ©Andromède Océanologie
En parallèle de ces missions, il est réalisé une série de 10 blogs vidéo (3 et/ou
4 minutes), portant sur les activités scientifiques de l’expédition. Ces vidéos viendront
nourrir les réseaux sociaux ainsi qu’un documentaire (26 minutes).
1 Les récifs coralligènes sont principalement construits par des algues au squelette calcaire. Ces récifs représentent un formidable substrat pour la fixation et la croissance d’autres organismes comme les éponges, les colonies de corail rouge ou de gorgones. Equivalents des récifs coralliens tropicaux en Méditerranée, ils abritent une faune et flore importante (1700 espèces). Les assemblages coralligènes sont parmi les écosystèmes les plus importants en mer Méditerranée en raison de divers atouts : large distribution, complexité structurelle, diversité en espèces, rôle dans le flux d'énergie et le cycle du carbone, valeur économique, valeur esthétique.
2La Posidonie est une plante à fleurs qui vit uniquement en mer Méditerranée (espèce endémique). Elle bénéficie d’une protection légale dans de nombreux pays méditerranéens dont la France où les herbiers qu’elle constitue couvrent 34 % des fonds sous-marins le long du continent et 66 % le long de la Corse entre 0 et 40 m de profondeur. Malgré les mesures de protection, les herbiers sont menacés par les activités humaines alors que leurs rôles écologiques et écnomoques sont énormes (zone de frayère et nurserie, production d’oxygène, stockage de CO2, protection du littoral contre l’érosion, clarté de l’eau…).
3Le réseau RECOR concerne la surveillance des assemblages de communautés des récifs coralligènes. Le réseau TEMPO se focalise sur le suivi des herbiers de posidonie.
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