> VENDREDI 06 AVRIL 2018 |
Xavier Gorce |
Fonction Illustrateur de presse |
Un humain parmi les pingouins
Connu pour ses Indégivrables, l’illustrateur de presse Xavier Gorce croque avec humour l’absurde de la société. Et ses lecteurs fondent…
1986 : premier dessin de presse |
2002 : début de la collaboration à lemonde.fr |
2005 : création d'Inzemoon, sa maison d'édition et naissance des Indégivrables |
"Ça fait déjà 14 ans que je fais du pingouin !", s’amuse Xavier Gorce qui signe un strip de 4 cases dans la newsletter quotidienne du Monde envoyée à 70 000 abonnés chaque matin. À coups de répliques cinglantes, ces bipèdes qui nous ressemblent avec leurs comportements grégaires et leur posture un peu ridicule se moquent de nous, les humains. "Ils sont sur une banquise qui fond, un monde en péril et continuent de dire des bêtises. Je les ai appelés les Indégivrables parce qu’ils sont givrés et ils le resteront, tout comme notre humanité ". Son inspiration ? Elle est multiple. Xavier Gorce se nourrit de fils de news sur internet, écoute la matinale d’Inter, regarde le JT… "sans s’obséder à trouver l’idée ". Des sujets tabous ? Non, aucun. Tous sont abordés avec une dérision qui interroge. Les idées s’installent en arrière-plan, la vie personnelle nourrit l’inspiration et de ce bouillon émergent des choses à la surface. "Les sujets sur le changement climatique reviennent de façon régulière. Je suis affligé par ce qui se passe. On se demande comment on va être en mesure d’inverser la vapeur ".
L’individualiste et solitaire a commencé à travailler en 1986 en tant qu’illustrateur de presse après des études en fac d’arts plastiques abandonnées, car trop généralistes à son goût. Passionné de graphisme et de BD, il multiplie les collaborations et intègre en 1991 La Grosse Bertha, hebdomadaire satirique qui comptait alors d’autres humoristes bien connus comme Tignous, Cabu, Wolinski… «"À cette époque, j’ai appris à lâcher mes traits, à être plus caustique ". Les anciens de Charlie Hebdo décident de relancer le magazine. Lui reste. « On voulait faire évoluer le journal vers quelque chose de plus élégant, décalé, et graphique ». Un an plus tard, le magazine disparaît. Il poursuit le dessin de presse chez Bayard mais aussi Elle, Marianne, le Figaro Madame, la Croix… et lemonde.fr en 2002 pour qui il n’a jamais cessé. "J’ai été pris au Monde un peu par hasard, pour produire une série animalière. Je me suis finalement rebranché à l’actu avec mes pingouins ". Une mécanique s’est installée avec des raccourcis de pensée et un sens de la dérision sur tout. Il ne se lasse pas. Ses lecteurs non plus.