
LUNDI 27 JUIN 2016 |
Catherine Chabaud |
Fonction Navigatrice |
Femme libre, toujours elle chérit la mer
"J’ai d’abord connu la mer par en-dessous, avant de la connaître au-dessus". Cette remarque de la navigatrice Catherine Chabaud n’est pas qu’une boutade. Elle illustre la relation intime que cette quinquagénaire a noué, depuis l’enfance, avec les océans.
1962 |
Naissance à Bron (Rhône) |
1983 |
Diplôme de journalisme |
1996 |
Premier tour du monde féminin en solitaire sans escale, Vendée Globe |
2008 |
Première mission pour le ministère de l'écologie et de la mer |
2016 |
Nommée déléguée à la mer et au littoral |
De parents marseillais, née près de Lyon "par hasard", elle a grandi en région parisienne. Mais grâce à un père passionné de chasse sous-marine, elle passe de nombreuses vacances en Bretagne : une révélation. "Nous nagions au milieu des laminaires, marchions longtemps sur l’estran… " se souvient-elle.
La voile est venue naturellement. "A 17 ans, grâce à la "bourse des équipiers", diffusée sur France Inter, je me suis trouvé un embarquement !", lance-t-elle. Dès lors, la jeune fille plonge dans cette passion. Etudiante à l’université Paris-Dauphine -"les maths, une erreur d’aiguillage"-, elle participe à la création de la course-croisière Spi Dauphine, skippe des bateaux, se forme à la météo… Devenue élève de l’Institut pratique de journalisme, à Paris, puis après, sans cesse, elle cherche à embarquer. "Mais étant une femme, qui plus est sans grande expérience, je trouvais difficilement des embarquements, rapporte-t-elle. La navigation en solitaire est venue parce que c’était la possibilité de partir". Elle avoue y avoir trouvé "un grand sentiment de liberté". Le bonheur la porte : de tours de l’Europe en traversées de l’Atlantique (14 au total), jusqu’au Vendée Globe 1996, où elle devient la première femme à terminer un tour du monde à la voile en solitaire, en course et sans escales !
Ce plaisir d’être "seule à mener son affaire" ne l’empêche pas d’avoir un goût intense pour la communication. La jeune journaliste collabore ainsi à divers médias écrits et radios : Mer & Bateaux, Europe 2, RFM, ou encore la revue Thalassa, dont elle devient rédactrice en chef. Mais l’appel du large est trop fort : en 1991, elle largue les amarres pour participer à la Mini-Transat et, jusqu’en 2002, n’est plus "que" navigatrice professionnelle.
"C’est là que j’ai pu observer des concentrations de déchets, poursuit Catherine Chabaud. A l’époque on en parlait peu et encore moins des solutions". La reprise du journalisme, notamment à Europe 1, lui offre l’occasion de promouvoir le développement durable. Un engagement qu’elle met aussi en oeuvre dans "son" monde, le nautisme. "Je voulais racheter la goélette Tara (1), poursuit-elle, mais, à défaut, j’ai lancé le projet d’un bateau plus petit, mais éco-conçu, afin d’aller autour du monde mettre en lumière les solutions de développement durable : le "voilier du futur", mon Graal". L’idée reste à concrétiser, mais "ce qui compte c’est le chemin, philosophe-t-elle. Ce projet est sans doute le moteur qui m’a conduite jusque-là. Au bout du compte, j’ai l’impression de participer à faire avancer les choses, peu à peu".
Cette possibilité, elle l’a plus encore depuis février dernier, date à laquelle Ségolène Royal, ministre de l’écologie, de l’énergie et de la mer, lui a confié le rôle de déléguée à la mer et au littoral. "Depuis 10 ans, en tant que membre du Cese (2), chargée de mission nautisme durable et au Pôle Mer Bretagne, etc, j’étais dans la réflexion, commente-t-elle. A présent, je dois mettre en oeuvre la feuille de route de la ministre sur "la croissance bleue et le climat" ». Parmi les objectifs : développer la connaissance des océans, préserver les écosystèmes marins, promouvoir les énergies marines, renforcer les activités humaines "créant un lien terre-mer"…
Une mission qu’elle assume en partageant son temps entre Paris et l’Anjou, où elle vit avec son compagnon -un marin également- et leur fils, âgé de 10 ans. "A lui et à mes beaux-enfants, assure-t-elle, j’essaie de transmettre ma sensibilité pour la nature". Et chaque fois que possible, elle reprend la mer : "Elle me manque terriblement".
(1) bateau de recherche et de sensibilisation sur les micro-organismes marins.
(2) Conseil économique, social et environnemental