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> mercredi 30 juillet 2014

[Dossier] Changement climatique: tout le monde en parle, nous agissons!

Le changement climatique fait déjà sentir ses effets sur l’eau. L’heure est à l’action et le comité de bassin lance avec le préfet et les présidents des 5 régions du sud-est un plan truffé d’idées neuves pour faire face. Dans le territoire le plus sensible de France, il révèle aussi la carte des vulnérabilités au climat.

On en sait désormais trop pour continuer à ne pas agir. Avec des vendanges avancées d’un mois et un hiver qui a perdu un mois aussi en 50 ans en montagne, l’affaire est claire : le changement climatique a commencé. Il ne s’arrêtera pas de sitôt. « En moyenne montagne,au col de Porte, en Chatreuse, par exemple, le manteau neigeux moyen a déjà perdu 50 cm d’épaisseur depuis 1960 et la température de l’air a pris 2°C, explique Pierre Etchevers, directeur du centre national d’étude de la neige, à Saint-Martin-d’Hères (38) ». Le territoire Rhône-Méditerranée et Corse est le plus sensible de France, depuis le sommet des Alpes jusqu’aux côtes de la Méditerranée. Son artère, le Rhône, verrait son débit chuter de 30% l’été en 2050 faute de fonte de neiges de printemps. Moins de pluie l’été, jusqu’à -80% dans le Roussillon de 2080, n’immuniserait hélas pas contre de violentes précipitations l’hiver.

Déjà, en Languedoc-Roussillon, Denis Carretier, président de la chambre régionale d’agriculture et viticulteur dans le Minervois,  déplore, lui, « deux fois moins de pluie qu’il y a 15 ans et surtout un fort contraste entre de violents orages d’hiver et des phases de sécheresse, comme en 2003 ou 2005. Cela provoque un stress hydrique qui épuise la vigne et menace la qualité du vin ». L’agriculture, le tourisme et les villes auront soif en cette saison sèche que sera devenu l’été, mais leur ruée vers l’eau sera contrariée par la sévérité des étiages. « Les agriculteurs ont besoin d’un accompagnement hydrologique raisonné pour ne pas souffrir », ajoute Denis Carretier.

 

Les vulnérabilités enfin cartographiées

 

Le grand atout du plan est de définir les « vulnérabilités » du bassin et de les dire en cartes. «Pour cela, explique Thomas Pelte, nous avons croisé les incidences modélisées du changement climatique avec nos connaissances de la sensibilité des territoires ». Il en ressort que « tout le territoire est vulnérable, mais pas de la même manière ».

Par exemple l’assèchement des sols, fréquent actuellement dans le sud, pourrait à l’avenir toucher le nord, en Franche Comté (carte ci-contre). Ces cartes révèlent également que le Rhône n’est pas une ressource inépuisable. La dégradation physique des rivières fragilise déjà notre biodiversité aquatique et le réchauffement climatique ne fera que l’amplifier.

 

Le temps est venu de s’adapter et ça ne fait que commencer

 

Dans la vallée de La Motte du Caire, près de Gap, Séverine Martin, jeune arboricultrice, a réussi à réduire de moitié sa consommation d’eau, « sans stress hydrique pour les pommes ». Sur 18 ha, elle a remplacé l’aspersion aérienne par un arrosage par microjets au pied des arbres, précis et économe. « Il y avait urgence, note-t-elle. Dans notre vallée, où nous dépendons de la nappe phréatique, toute sécheresse est sensible ».

Au plan régional, Noël Piton, expert de l’irrigation à la chambre d’agriculture de Paca, dit qu’il « faut avant tout améliorer la performance du réseau d’irrigation gravitaire, en modernisant le prélèvement et le transport de l’eau ».Le plan reprend le mot de Noël Piton, et retient une optimisation de ces réseaux d’irrigation gravitaire de 30% d’ici à 2030. La chasse aux fuites massives des réseaux d’eau potable est autant de mise.

Le plan va défrayer la chronique avec cette mesure neuve : pour chaque m² imperméabilisé en plus, il faudra réinfiltrer l’équivalent de la pluie qui tombe sur 1,5 m². C’est autant de réserve d’eau en plus dans le sol et d’eau en moins dans les crues torrentielles de la Méditerranée. C’est aussi une mesure claire contre l’étalement urbain. Le Grand Lyon est prêt : désormais toute nouvelle construction dans l’une des 58 communes du Grand Lyon doit intégrer un stockage temporaire des eaux de pluie avant retour vers une parcelle non imperméabilisée. Ces surfaces se sont multipliées, avec quelques opérations exemplaires, comme à la Zac de la Buire, vers la Part-Dieu à Lyon :  : toutes les eaux de pluie s’y écoulent vers un bassin d’agrément, avant de se réinfiltrer dans le sol.

« Aujourd’hui, nous triplons l’effet d’une telle zone, remarque Elisabeth Sibeud, responsable du service études de la direction de l'eau de cette collectivité. Nous épargnons le réseau d’évacuation. Nous créons aussi une zone verte et fraîche dans un quartier très minéral. Et nous alimentons la nappe phréatique. ».

Le panel des mesures du plan attend preneur : le SDAGE 2016-21 s’est déjà porté acquéreur. Les SRCAE et PCET sont directement ciblés. 

 

 

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