
MERCREDI 02 JUILLET 2014 |
Michal Kravcik |
Fonction Chercheur hydrologue |
"L'eau pour restaurer le climat : un nouveau paradigme"
Les incidences du changement climatique pour l’eau et les milieux aquatiques deviennent une vraie préoccupation, mais s'intéresser à l’effet sur notre climat des changements introduits par l’humanité dans le cycle de l’eau amène une vision nouvelle des évolutions actuelles du climat. Cette vision permet non seulement de comprendre de nombreux phénomènes mais aussi de proposer des solutions.
C’est la conclusion d'une équipe d’hydrologues et de chercheurs slovaques et tchèque, dont Michal Kravčík, le prix Goldman de l'environnement en 1999 pour la recherche sur les relations entre l'hydrosphère et le changement climatique.
Pendant plusieurs années, un travail essentiel et novateur sur l’eau et le climat a été réalisé par Michal Kravčík et son équipe. Des perspectives révolutionnaires pour l’action dans ce secteur s'en dégagent. Pour mettre en pratique ces perspectives, les chercheurs ont fondé l'ONG "Ludia a Voda" (Le peuple et l'eau) et ont développé un programme novateur à travers des réalisations concrètes pour démontrer qu'en rétablissant le cycle de l'eau, on peut prévenir et s'adapter au changement climatique. Les résultats de la recherche appliquée ont été publiés dans le livre "L'eau pour restaurer le climat : un nouveau paradigme", téléchargeable en anglais.
Le programme développé par les chercheurs visaient à corriger les effets des aménagements de grande ampleur du territoire et des cours d'eau de la période de productivisme socialiste: de moins en moins de précipitations, des périodes de sécheresse suivies d’inondations. Le moyen proposé était de redonner à la terre sa capacité de stocker de l’eau, qu’elle avait perdu avec l’augmentation du ruissellement dû à l’agriculture productiviste, aux multiples aménagements visant à évacuer l’eau et à l’urbanisation croissante.
Le programme a été approuvé par le gouvernement slovaque en octobre 2010 et a été appliqué pendant 18 mois dans des régions montagneuses grâce à un important financement européen. Les résultats attendus ont été visibles et mesurables 6 mois plus tard seulement.
La preuve pratique a été faite qu’en redonnant à la terre sa capacité à stocker l’eau, on pouvait éviter des événements climatiques extrêmes, car la terre gardait l’eau quand il y en avait, et la rendait quand elle manquait.
Des rivières presque à sec l'été coulaient à nouveau, l'eau revenait dans des puits, des épisodes de crues et d'inondations étaient évités dans les bassins où les aménagements avaient été réalisés.
Des solutions simples et abordables qui ont fait leur preuve en Slovaquie et pourraient aussi convenir en Région Rhône-Alpes: des fosses peu profondes en longueur, l’usage de dépressions sur les pentes comme réservoirs et lieux d’infiltration, la réalisation de petits barrages ou de creux sur les cours d’eau, et de toute une série de mesures visant à remplir les nappes et les sols avec l’eau auparavant évacuée...
"Citoyens, élus et chercheurs peuvent en réhabilitant le cycle de l'eau redonner à la terre sa capacité à stocker l'eau et ainsi changer le climat" telle est la position de Michal Kravčík et de la Coordination Eau Bien Commun qui fait connaitre son travail en France.
>>Pour plus d'information en français voir le blog de Daniel Hofnung, ATTAC.