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Arve Pure - 20 février 2015
> vendredi 20 février 2015

Rivière Arve : le marathon de la résurrection

L’ombre commun et la loutre ne s’y sont pas trompés : s’ils viennent de faire leur retour dans la rivière Arve en Haute-Savoie, c’est que depuis 20 ans une communauté d’hommes et de femmes qui ne se résolvent pas à la fatalité d’une rivière polluée et au lit effondré en maints endroits. Sous la présidence de Michel Meylan d’abord et du député-maire de Bonneville, Martial Saddier, désormais.

Les stations d’épuration seront bientôt toutes aux normes et c’est un grand soulagement puisque la pollution organique a chuté d’un facteur 10. Les poissons, la truite en tête, valident. Le préfet, Georges-François Leclerc a beaucoup œuvré dans ce sens avec sa police de l’eau. En fondu-enchaîné le syndicat de  la rivière, le SM3A, a engagé l’industrie du décolletage dans une opération sans précédent en France de dépollution. Ce tissu économique très dynamique local avait un revers irritant : le travail des métaux est très polluant. Plus gênant, il s’agit d’une myriade de petites entreprises qui passent sous les seuils des installations classées. Pourtant leur impact sur le cours d’eau est bien réel. Et de une, et de deux, nous voilà aujourd’hui, 20 février, au lancement de la deuxième opération collective « Arve pure » qui promet d’investir 18 M€ en dépollution de ces ateliers industriels sur 2015-18. L’agence de l’eau apportera 10 millions d’euros, c’est ce que l’encadrement européen des aides autorise dans un contexte d’égalité des conditions de concurrence à l’échelle européenne. C’est aussi deux fois plus que l’opération précédente qui a fait ressortir d’importantes demandes de la part des industriels. Cette opération de propreté dans la rivière n’oublie pas que les villes prennent leur part et préparent le passage au 0-pesticides dès 2016, comme les y engage la récente loi Labbé.

L’agence de l’eau donne ses moyens à l’Arve parce que l’Arve s’est donné les moyens d’agir. Le premier, et le moins évident, c’est de raisonner à l’échelle du bassin versant entier parce qu’il n’y a qu’une rivière : c’est 106 communes à convaincre, 120 kms de cours d’eau à intégrer… Les présidents des communautés de communes de la vallée, de Stéphane Valli de Faucigny-Glières à Loïc Hervé à Cluses-Arve-Montagne en passant par Christian Dupessey à l’agglo d’Annemasse et Marin Gaillard de la communauté de communes du pays Rochois, y sont venus et soutiennent parce qu’ils voient les résultats concrets dans les entreprises et l’Arve. Le deuxième moteur ce sont les bras : 6 chargés de mission vont frapper jour après jour à toutes les portes pour faire monter chaque entreprise dans l’opération. A ce niveau de dangerosité des polluants, aucune ne doit manquer à l’appel, au risque d’écorner les efforts des autres. Les chargés de mission sont intégrés aux équipes des communautés de communes mais coordonnés par un seul opérateur, le SM3A. L’homme qui tire l’opération c’est Lionel Baud, le président du syndicat national des décolleteurs, qui s’est volontiers mué en porte-flambeau de l’opération auprès de ses pairs. Il faut dire qu’il s’est appliqué à lui-même en premier le traitement et s’en félicite tous les jours. Il vient d’installer une magnifique machine vitrée de nettoyage des pièces avant traitement de surface, en abandonnant les solvants polluants,  et sait que ses clients étrangers de l’automobile recherchent maintenant cette propreté impeccable des pièces des ateliers Baud.

Et après ? Le SDAGE pense déjà au SAGE de l’Arve qu’il a classé comme nécessaire et qui pointe désormais son nez pour 2016. Au menu : les dépollutions bien sûr, la zone est repérée pour ses pollutions aux micropolluants. Mais aussi le lancement du grand chantier de la restauration physique de cette rivière et ses affluents qui ont été défigurés et méritent une série de travaux de reculs de digues, de réouverture au passage des cailloux et sédiments pour qu’ils aillent combler les zones effondrées et éviter des coûts de gestion démesurés pour les contribuables, ou encore de réouverture de zones humides, éponges à crues et filtreurs 

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