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Journée Mer
> mercredi 08 juin 2016

Journée Mer : la qualité des eaux côtières méditerranéennes est bonne mais le milieu reste fragile

Pour la sixième année consécutive et à l’occasion de la Journée mondiale de l’Océan, l’agence de l’eau et la Direction interrégionale de la mer ont organisé une rencontre avec les acteurs du monde de la mer sur la qualité des eaux de la Méditerranée. Les résultats de la campagne 2015 de surveillance «qualité de la Méditerranée », réalisée pour la mise en œuvre des directives-cadres sur l’eau et sur le milieu marin, ont été présentés.

La surveillance porte sur la contamination chimique, l’état écologique des herbiers de posidonie et du coralligène, l’état des peuplements de benthos de substrat meuble, des macroalgues et de phytoplancton, les microplastiques et les pressions liées aux usages en mer.

Les indicateurs chimiques et biologiques montrent que la qualité des eaux côtières est bonne et conforme aux normes européennes, signe de progrès en matière de dépollution ou d’organisation des usages en mer. Ce résultat positif ne doit pas cacher la fragilité des milieux et de la biodiversité marine. Les mesures de contamination chimique dans la chair des mammifères ou des gros poissons marins sont en particulier préoccupantes.

  • Une contamination chimique toujours présente

Les eaux côtières sont le réceptacle de nombreux rejets. Les secteurs situés à proximité des grandes villes ou de zones d'activité importante sont les plus touchés. Ainsi, les zones de Port La Nouvelle, la rade de Marseille, la rade de Toulon, le littoral d’Antibes ou le littoral niçois sont encore contaminées par des substances chimiques toxiques tels que le tributylétain (historiquement issu des peintures des bateaux et très rémanent dans l'environnement), l’arsenic ou les PCB, à l’origine de la perturbation du métabolisme des espèces. Ces résultats consolident les observations réalisées lors des campagnes passées. Quelques masses d’eau présentent également de façon sporadique des traces de chrome et de nickel mais les concentrations observées restent faibles, très proches de la norme de qualité environnementale.

  • Les grands cétacés fortement contaminés

Les mammifères marins de Méditerranée sont fortement contaminés par les PCB, davantage que leurs congénères de l’Atlantique ou de l’Hémisphère sud. Ce résultat alerte sur la contamination globale de la chaîne alimentaire méditerranéenne. Les polluants organiques persistants comme les PCB sont en effet considérés comme des perturbateurs endocriniens. Ils peuvent altérer la fonction de reproduction et la fonction thyroïdienne. Toutefois, la capacité de reproduction des rorquals communs ne semble pas à ce jour être directement impactée par cette contamination ainsi que l'indique un taux de gestation plutôt élevé et stable.

 

  • Stabilité de l’état des herbiers de posidonie et présence des poissons

En ce qui concerne l’état écologique des masses d’eau côtières, les résultats 2015 ne mettent pas en évidence de nouvelles dégradations pour les posidonies et les macroalgues. L’analyse de l’évolution de la cartographie des herbiers montre même des signes de croissance notamment dans le secteur des calanques de Marseille et du cap Sicié à Toulon, particulièrement dans les zones proches du rejet urbain. Les efforts d’amélioration du traitement des eaux usées engagés dans ces zones littorales sont donc encourageants. Les prochaines campagnes de surveillance pourront consolider ces premiers résultats.

Une cartographie 3D du coralligène complète l’information acquise jusqu’à présent. Paradoxalement, les secteurs de Fos sur Mer et d’Antibes qui présentent une altération importante de l’herbier de posidonie abritent l’un des coralligènes les moins altéré du littoral.

Les poissons adultes sont très présents dans les secteurs de la Côte Bleue, des Embiez, de la plaine orientale de Corse et du littoral sud-ouest de la Corse contrairement aux secteurs de Saint Raphaël ou de Menton. Ces secteurs riches en poissons adultes le sont également en juvéniles. C’est le signe d’un bon fonctionnement du milieu marin avec peu de prédation et des habitats propices au développement des larves.

  • Microplastiques : forte concentration entre Antibes et la côte orientale de Corse

La seconde campagne de recherche des microplastiques (la première date de 2012) montre que le littoral compris entre Antibes et Villefranche-sur-Mer et la côte orientale de Corse présente les plus fortes concentrations avec plus de 1500 microparticules par hectare. Ailleurs, la concentration moyenne est de moins de 100 microparticules par hectare.

Enfin, l’observation aérienne des usages en mer confirme la diminution des signes de pollution par hydrocarbures et par les eaux sales des bateaux. Cette amélioration semble due à la baisse significative de la fréquentation des navires de haute plaisance durant ces 3 dernières années. Toutefois, on observe cette année un retour des bateaux dans les mêmes proportions qu’en 2011 et 2012, sans qu’on puisse dire à ce jour si elle se traduira par une augmentation de la pollution.

 

L’état du littoral en 2015 reste conforme aux années précédentes, avec une bonne qualité générale et quelques secteurs altérés notamment au droit des grandes agglomérations.

  • 77 M€ pour la Méditerranée en 2015

L’agence de l’eau poursuit sa mobilisation en faveur de la Méditerranée. En 2015, elle a octroyé 77 M€ d’aide financière pour 1300 opérations dont 27,4 M€ ont contribué à l’étude ou la restauration de la biodiversité littorale et marine.

Par exemple, l’agence a financé le bassin de rétention des eaux de pluie de Lajout à Marseille d’un volume de 17 000 m3 pour un montant d’aide de 5,68 M€. Elle a aidé le conservatoire du littoral à acquérir des zones humides littorales du domaine de Canavérier en Camargue gardoise pour un montant d’aide de 3,7 M€. Enfin, elle a financé les réseaux de surveillance de la Méditerranée pour un montant d’aide de 2,2 M€.

Les actions de préservation de la Méditerranée s’inscrivent dans la directive cadre stratégie pour le milieu marin qui entre dans sa phase opérationnelle. Le 8 avril dernier, les préfets coordonnateurs de la façade Méditerranée ont adopté le programme de mesures du plan d’action pour la Méditerranée. Son programme de surveillance avait quant à lui été approuvé en juin 2015.

 

 

 

A propos de la Direction interrégionale de la mer Méditerranée 

La direction interrégionale de la mer (DIRM) est un service de l’Etat (ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer) en charge de la conduite des politiques de l’État en matière de développement durable de la mer, de gestion des ressources, de régulation des activités maritimes et de renforcement de la sécurité en mer. Elle assure, sur l’ensemble de la façade méditerranéenne française, la promotion d’une gestion intégrée de la mer et du littoral sous l’autorité des préfets coordonnateurs compétents. La DIRM comprend de nombreux services spécialisés, assurant un maillage fin des 1800 km du littoral méditerranéen.

 

A propos de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse - www.eaurmc.fr - @SauvonsLeau

L’agence de l’eau est un établissement public de l’Etat dédié à la protection de l’eau et garant de l’intérêt général. Elle perçoit l’impôt sur l’eau payé par tous les usagers : ménages, collectivités, industriels, agriculteurs… Chaque euro collecté est réinvesti auprès des collectivités, industriels, agriculteurs et associations pour mettre aux normes les stations d’épuration, renouveler les réseaux d’eau potable, économiser l’eau, protéger les captages d’eau potable des pollutions par les pesticides et les nitrates, restaurer le fonctionnement naturel des rivières. L’agence de l’eau dispose d’un budget annuel d’environ 500 M€.

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