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SAM 0214
> jeudi 03 juillet 2014

L'eau perdue de Saint Gengoux... et la dégradation de la qualité des eaux de l'aval

A la grande époque de la cité médiévale, le ruisseau de la source de Manon est réputé avoir alimenté le fossé haut de la muraille (rue de l'Arquebuse) et avoir fait tourner un moulin qui était situé dans le fossé de la muraille Sud, là où est maintenant le monument aux morts. Son débit devait, donc, être beaucoup plus abondant et régulier qu'il ne l'est aujourd'hui. Mais s'agissait-il de l'eau de Manon dans tous les cas ?

Aujourd'hui encore, beaucoup d'eau coule sous la cité médiévale en différents endroits. Apparemment, beaucoup trop pour qu'il puisse s'agir de la même source. Beaucoup de maisons ont un puits intérieur et, parfois, c'est de l'eau courante qui passe sous les maisons.


Il est vrai que la source de Manon (275m) a été détournée très tôt, au moins dès le XVème siècle *. Car, en contradiction avec la carte de Cassini qui montre un ruisseau allant du vallon de Manon aux remparts, il fallait capter et détourner l'eau de la source pour la conduire à la cité en lui faisant franchir un petit relief :

  • le vallon de Manon ("en Manon") n'est pas orienté à l'ouest, vers la cité. Il est orienté au Sud, à l'Est du Chemin des Gourles, vers l'espace séparant les bâtiments HLM et les hangars de la menuiserie industrielle Bertrand. D'ailleurs, il est révélateur que Saint Gengoux ait dû disputer la source au "sire de Cercy". Au-dessous, l'axe du creux du vallon paraît orienté vers le lagunage.

* Il serait passionnant de découvrir – par comparaison avec d'autres sites ou par fouilles – comment la source a été captée à l'époque ; peut-être, dès le XIIIème siècle, car on peut imaginer que, pour mouiller les fossés, le détournement de la source de Manon faisait partie du grand chantier de construction de la nouvelle enceinte.


Il y a une soixante ou une cinquantaine d'années (suivant les témoignages), le Conseil Municipal décida d'installer une nouvelle décharge brute municipale en haut du vallon de la source de Manon, juste au-dessus de celle-ci !

Les conséquences évidentes de cette décision ne se sont pas faites attendre. Peu après l'ouverture du site, le produit de la collecte des fosses d'aisance y a été déversé. Et, dans la bonne cité de Jouvence (son nom révolutionnaire) chacun a bientôt eu l'élixir au robinet... L'expérience a-t-elle profité ? S'est-on empressé de déménager la décharge brute vers un lieu moins sensible ? Point du tout ! Plutôt que d'arrêter de souiller la source et de la récupérer, on décida de l'abandonner et de continuer à la polluer – donc de polluer toutes les eaux de l'aval jusqu'à la Méditerranée ! Depuis, les polluants les plus nocifs ont été jetés dans la décharge de la source de Manon : batteries de voitures, huiles de vidange, déchets des traitements pesticides des vignes, etc.

Constante dans l'acharnement à détruire le bien commun, la municipalité de 1982 jugea bon d'agrandir encore la décharge brute ! 

Aujourd'hui, la décharge est enfin fermée, mais seulement depuis cinq ou six ans, et elle n'est toujours pas résorbée en dépit de 28 ans d'incitations et, désormais, de l'obligation légale. L'eau de Manon coule toujours mais dans quel état ? Nul ne s'en est soucié ; pas une analyse et, encore moins, la perspective d'une réhabilitation.

A côté du Chemin des Gourles depuis la Route de Chalon (donc à l'Ouest), 50m après avoir quitté cette dernière, donc nettement plus haut que le talweg, on trouve une mare sous les arbres. Elle est alimentée par une source, ce qui atteste de l'active circulation de l'eau sur les flancs du Mont Goubot.


A partir de mai 2013, la mare a été saccagée : sa végétation abondante rasée et des matériaux de démolition déversés dans l'eau. La mare n'est pas bien grande, mais elle s'inscrit exactement dans la continuité écologique que le programme Natura 2000 veut préserver et restaurer. Dans ce secteur déjà considérablement dégradé, elle est un relais important de cette continuité. En outre, il est remarquable que le saccage ait été opéré en pleine période de reproduction.

 

Ailleurs, par exemple en Champagne-Ardennes, en Basse Normandie, dans les Pyrénées... on réhabilite les mares ou on en creuse de nouvelles:

 

 

Par Alain Claude Galtier

 

© Photo: Alain claude Galtier

 

 

Mots-clés : Natura 2000

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